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Renforcer le droit pour protéger les travailleuses migrantes en Asie du Sud-Est  

AMPARITA STA. MARIA – Philippines

 

Cette histoire fait partie de la série Nous sommes le changement en droits humains pour célébrer le 50e anniversaire d’Equitas (#Equitas50). Tout au long de l’année 2017, découvrez les histoires de 50 défenseur-e-s des droits humains. Ce ne sont là que quelques leaders parmi des centaines qui, avec l’appui d’Equitas, changent des vies à travers le monde par l’éducation aux droits humains.

 

 

Lorsqu’Amparita Sta. Maria a entamé sa carrière à la fonction publique, les droits humains ne faisaient initialement pas partie de son champs d’action. Elle affirme d’ailleurs qu’elle « n’était pas une femme de plaidoyer au départ ». Après avoir obtenu un diplôme en droit avec mention, acquis six ans d’expérience à la Cour suprême des Philippines et effectué des mandats dans les milieux gouvernemental et corporatif, Amparita a cogné à la porte d’Ateneo Human Rights Centre (AHRC), prête à faire tout type de tâches afin d’être utile pour l’organisation. Le but d’Amparita et la mission d’Ateneo se sont avérés parfaits pour l’un et l’autre. Elle est aujourd’hui directrice du programme d’études de droit à Ateneo et du Bureau des femmes Urduja de l’AHRC.

L’Ateneo Human Rights Centre, basé à l’École de droit de l’Université Ateneo de Manilla, a été fondé en 1986 et est l’une des premières institutions non gouvernementales universitaires à assurer la protection et la promotion des droits humains aux Philippines et en Asie du Sud-Est. Ce n’est que peu de temps après l’arrivée d’Amparita au centre en tant que professeure et avocate bénévole qu’un partenariat solide a vu le jour entre l’AHRC et Equitas (alors connu sous le nom de Fondation canadienne des droits de la personne).

« Après que l’AHRC ait participé au Programme international de formation aux droits humains (PIFDH) d’Equitas, à Montréal, au Canada, notre première collaboration a été d’organiser un atelier et des formations qui ont réuni de nombreuses organisations non gouvernementales régionales autour d’enjeux touchant les travailleurs migrants, en particulier les femmes. L’appui d’Equitas a permis à l’AHRC de bien se positionner au sein du réseau des ONG, de développer une stratégie de plaidoyer pour défendre les droits des travailleurs migrants et d’accorder une certaine crédibilité à notre travail pour réformer le système juridique », affirme Amparita.

Les défis des travailleurs migrants

Selon le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, environ 14 millions de travailleurs migrants provenaient des États de l’Asie du Sud-Est en 2013; six millions de ces travailleurs ont émigré au sein même de la région de l’Asie du Sud-Est. Les femmes de 20 à 64 ans représentent 48 % de ce nombre. Les Philippines sont considérées comme un des principaux pays d’origine d’où proviennent les travailleurs migrants, aux côté de l’Indonésie et de la Thaïlande. Singapour, la Malaisie et le Brunei sont plutôt reconnus comme étant des pays d’accueil — la Thaïlande et la Malaisie jouant quant à eux les deux rôles, pays d’origine et pays d’accueil. Bien que les économies des pays bénéficient des travailleurs migrants qui envoient une partie de leur salaire dans leur pays d’origine, les défis auxquels sont confrontés les travailleurs migrants sont souvent peu abordés, en particulier dans les pays où il n’y a pas ou très peu d’organisations de défense des droits humains.

« Les travailleurs migrants se portent mieux dans les pays d’accueil où les ONG et d’autres groupes de la société civile sont actifs », confie Amparita. « Ces pays sont généralement plus tolérants aux activités de plaidoyer qui s’effectuent dans les coulisses et auprès du grand public. Lorsqu’il n’y a pas d’environnement propice à une approche fondée sur l’autonomisation et l’émancipation, les travailleurs migrants en souffrent ». 

Cette souffrance s’explique souvent par de bas salaires, de mauvaises conditions de travail, un stress important, des dépressions, des barrières linguistiques et culturelles, une séparation des familles, des risques professionnels et l’inaccessibilité aux soins de santé. Les travailleurs masculins œuvrent principalement dans le domaine de la construction et de la fabrication en occupant des emplois souvent considérés comme dangereux et difficiles. Les femmes occupent, quant à elles, des emplois peu qualifiés dans le secteur domestique ou des soins. Tous comme les travailleurs mineurs, elles sont vulnérables à l’exploitation économique et aux abus physiques, sexuels et psychologiques.

Amparita est l’auteure et co-auteure de nombreux livres, mémoires et études pour sensibiliser la population aux problèmes des travailleurs migrants ainsi que de nombreuses autres questions relatives aux droits humains. Son travail a entre autres permis d’évaluer l’efficacité et la mise en œuvre des lois existantes, a servi de référence pour l’élaboration de politiques gouvernementale et a contribué à la mise sur pied de stratégies d’action au sein de l’AHRC et d’autres ONG. En collaboration avec des collègues avocats, Amparita rencontre les législateurs, dépose des pétitions et comparaît devant la Cour suprême des Philippines afin de protéger les droits du peuple.

Une période difficile

Le changement récent du gouvernement des Philippines a cependant entravé le travail du mouvement des droits humains et a détourné l’attention autrefois portée aux droits des travailleurs migrants et aux droits des femmes et des enfants. Depuis que Rodrigo Duterte a été élu président en juin 2016, sa « lutte contre le crime » a entraîné la mort de plus de 2 400 prétendus trafiquants et consommateurs de drogue. Plusieurs hauts fonctionnaires ont également été accusés d’être des barons de la drogue. Les organisations de défense des droits humains ont condamné ces tueries et se sont opposées à l’appel à réduire l’âge minimum de la responsabilité pénale de quinze à neuf ans et à rétablir la peine de mort.

Les groupes de défense des droits humains sont, comme le décrit Amparita, « au combat ». « Ce n’est pas une bonne période, car c’est comme si tout était remis en question. Nous avons fait des déclarations et essayé de nous battre face à ce qui se passe. Il semble qu’il y ait une érosion soudaine des normes et acquis qui avaient été établis depuis longtemps ».  

Amparita et l’équipe d’Ateneo proposent des stratégies qui vont au-delà de la dénonciation des actions gouvernementales. En plus d’émettre des déclarations, ils mènent des recherches afin d’attirer l’attention des membres du Congrès sur les questions qui devraient être prises en compte.

Malgré le contexte difficile actuel, Amparita continue son combat pour ceux et celles qui ne peuvent mener leurs propres luttes. En tant que professeure en matière de droits humains, membre du corps professoral de l’École de droit d’Ateneo et avocate bénévole pour l’AHRC, elle forme des juges et des avocats et présente à des conférences sur divers enjeux liés aux droits humains, aux droits des femmes et à l’égalité de sexes.

Au sein du milieu universitaire, Amparita veille à ce que le programme d’études en droit comprenne des cours sur les droits humains. Comme le font également certains de ses collègues, elle intègre à ses cours des enjeux actuels et émergents liés au droit de la famille et au droit pénal. Bien que la plupart des étudiants décident de cheminer en droit des affaires, certains choisissent de poursuivre leur formation en droits humains. « Notre objectif est de faire de notre mieux pour les préparer à la lutte en cours pour la défense des droits humains ».

 


AMPARITA STA. MARIA – Philippines
Directrice du programme d’études de droit à Ateneo, Bureau des femmes Urduja de l’Ateneo Human Rights Centre
Ancienne particpante au Programme international de formation aux droits humains, 1993


Histoire rédigée par Terry Baugh Bessard, Communications HighStar. www.highstarcom.com

 

Le Programme international de formation aux droits humains d’Equitas est en partie réalisé grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.

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