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Promouvoir les droits humains et la pluralité religieuse au Pakistan

SAMSON SALAMAT – Pakistan

 

Cette histoire fait partie de la série Nous sommes le changement en droits humains pour célébrer le 50e anniversaire d’Equitas (#Equitas50). Tout au long de l’année 2017, découvrez les histoires de 50 défenseur-e-s des droits humains. Ce ne sont là que quelques leaders parmi des centaines qui, avec l’appui d’Equitas, changent des vies à travers le monde par l’éducation aux droits humains.

 

Lorsque Samson Salamat était enfant au Pakistan, ni lui ni ses sept frères et sœurs ne pouvaient utiliser les mêmes assiettes ou verres que leurs camarades de classe. Ils étaient différents des 2 000 autres familles dans leur village ‒ ils faisaient partie de la minorité chrétienne de 1,5 % du Pakistan. Là, comme ailleurs au Pakistan, qui est 96 pour cent musulman, les chrétiens ont été relégués aux emplois les plus difficiles, comme le nettoyage des rues. Samson a eu de la chance. Il a pu quitter son village pour aller à l’Université de Lahore, la deuxième plus grande ville du pays, puis il a obtenu son diplôme de maîtrise en science politique. Il ne pouvait cependant pas échapper à la détresse qu’il ressentait face à l’injustice.  

Les préjugés contre les non-musulmans sont constitutionnels au Pakistan, allant souvent au-delà de la discrimination jusqu’à la persécution. Quant au concept de droits humains, il est souvent considéré comme de la propagande occidentale. « Travailler sur les droits humains, même parler des droits humains, est considéré comme étant contre l’idéologie du pays, contre la religion, contre la culture du Pakistan », dit Samson.  

L’injustice l’a alors frappé. « J’ai eu l’idée que, puisque ma collectivité est confrontée à la discrimination, je devrais faire quelque chose. Ce n’était pas une réaction négative, mais une approche positive. »  

En 2000, alors qu’il avait 26 ans, Samson a commencé à travailler pour la Commission nationale pour la justice et la paix, une organisation catholique. Il a alors créé des programmes de formation pour les jeunes afin que ceux-ci œuvrent pour la protection des droits des minorités religieuses dans leurs communautés. Un jour, il s’est rendu compte qu’au Pakistan, le concept des droits humains était si étranger qu’avant de défendre les droits humains, les gens devaient comprendre que les humains ‒ tous les humains ‒ avaient des droits.  

Cela a amené Samson à présenter sa candidature en 2007 pour le Programme international de formation aux droits humains (PIFDH) d’Equitas, à Montréal, au Canada, d’une durée de trois semaines. « Equitas m’a permis d’acquérir une expertise et de développer l’idée de créer une organisation axée sur l’éducation aux droits humains », dit-il. « Travailler pour les droits humains n’est pas possible tant que vous n’avez pas compris le concept des droits humains ‒ dont les normes internationales ‒ et tant que vous n’avez pas des compétences comme le plaidoyer et l’animation de formations. C’est ce dont j’avais besoin. »  

Trois ans après sa formation d’Equitas à Montréal, Samson a lancé le Centre pour l’éducation aux droits humains – Pakistan, ou CEDH. Ses formations mettent en contact des étudiants, des journalistes, des avocats, des membres d’ONG ‒ des communautés minoritaires et majoritaires du Pakistan ‒ pour aider à changer la conception des droits humains au pays et « expliquent que les droits humains ne sont pas contre une religion ou une culture, mais protègent tous les êtres humains, sans discrimination. »  

Le premier cours de CEDH, intitulé « Cours participatif sur la démocratie et les droits humains », a été introduit en 2010 en tant que programme annuel. Un deuxième sur la paix et la tolérance couvre les principes de non-discrimination et fait progresser la non-violence. Après avoir terminé la formation, les participants ont élaboré un plan pour diffuser les concepts de droits humains et de non-discrimination dans leurs communautés respectives, que ce soit comme étudiants, travailleurs, enfants, femmes, minorités religieuses (chrétiens, hindous, sikhs, parsis, ahmadis), personnes avec handicap ou transgenres. 

Tout est extrêmement risqué, une réalité que Samson, sa femme et ses trois enfants ont dû accepter. Ciblée par les agences gouvernementales et les extrémistes, Samson a été attaqué par les forces djihadistes et intimidé par les acteurs de l’État. Ses mouvements sont surveillés, son téléphone est sur écoute, et presque chaque mois les membres de la sécurité d’État visitent les bureaux du CEDH. Pendant ce temps, Samson se retrouve souvent à donner des discours aux cérémonies commémoratives de collègues tués. Lorsqu’on le question sur sa sécurité, il répond : « il n’y a pas de mécanisme de protection; je le fais avec passion », en ajoutant toutefois que « la situation s’aggrave, jour après jour. »  

Avec les talibans, Al-Qaïda et d’autres militants actifs au Pakistan, Samson évalue le succès de ses actions non pas par des renversements de politiques, mais plutôt par le nombre croissant de voix qui contestent l’extrémisme. Dans un pays où beaucoup n’osent même pas parler, il dit : « nous avons une famille élargie de défenseurs des droits humains qui sont clairs sur ce que signifient les droits humains et comment contribuer à la lutte ».  

Les centaines de militants formés par le CEDH ont lancé Rwadari Tehreek, un mouvement social pour la tolérance religieuse et l’harmonie interreligieuse. Ses 15 000 membres favorisent le pluralisme en plaidant pour des actions contre les groupes militants et en organisant des rassemblements et des programmes éducatifs pour mettre fin à l’intolérance et à la discrimination religieuse. Des membres travaillent avec le gouvernement pour protéger les institutions éducatives de l’extrémisme, exigeant que le programme scolaire soit dépouillé de matériel haineux. Ils cherchent également à mettre fin à toutes les formes de torture, en rappelant au gouvernement par des lettres, des rassemblements, des protestations et des réunions qu’il est responsable auprès de l’ensemble de la population au Pakistan.  

« Le Pakistan est une société multireligieuse, multilinguistique et multiculturelle », affirme Samson. « Et il y a de la beauté dans cette diversité. Nous avons des milliers de personnes qui travaillent volontairement pour sensibiliser et faire respecter la différence, en particulier des religions, en comblant le fossé entre les musulmans, les hindous, les chrétiens et les gens d’autres religions qui travaillent ensemble, défiant l’esprit extrémiste. C’est un succès. » 


SAMSON SALAMAT – Pakistan
Directeur fondateur, Centre pour l’éducation aux droits humains, Pakistan
Ancien participant au Programme international de formation aux droits humains d’Equitas, 2007  


Histoire préparée par Donna Gold, Personal Historywww.personalhistory.org

 

Le Programme international de formation aux droits humains d’Equitas est en partie réalisé grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.

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