HENRI TIPHAGNE – Inde
Cette histoire fait partie de la série Nous sommes le changement en droits humains pour célébrer le 50e anniversaire d’Equitas (#Equitas50). Tout au long de l’année 2017, découvrez les histoires de 50 défenseur-e-s des droits humains. Ce ne sont là que quelques leaders parmi des centaines qui, avec l’appui d’Equitas, changent des vies à travers le monde par l’éducation aux droits humains.
Henri Tiphagne est une des voix marquantes des droits humains en Inde depuis 36 ans. Un rôle, pourrait-on dire, qu’il était destiné à jouer. En tant qu’avocat, directeur général de People’s Watch depuis 21 ans et participant à de nombreuses commissions nationales et internationales, les droits humains font partie de son quotidien. Depuis sa naissance, Henri a été conscientisé aux injustices et à la situation difficile que vivent les défenseurs des droits humains. « Mon engagement pour la justice sociale vient principalement de ma mère, née en France et arrivée en Inde en 1934, qui a œuvré tout au long de sa vie auprès des populations les plus pauvres en Inde, soit les personnes atteintes de lèpre ». Elle a enseigné à Henri l’importance de traiter les autres de manière égale et le moyen le plus efficace d’y parvenir, soit d’agir directement auprès des populations. Une leçon qu’il n’a jamais oubliée.
Néanmoins, Henri n’est pas devenu défenseur des droits humains seulement grâce son éducation. C’est aussi un choix conscient qu’il a fait. Alors qu’il était à l’université, son intérêt pour les droits humains est devenu de plus en plus grand et c’est également là qu’il a rencontré Cynthia, sa conjointe. L’université a entre autres permis à Henri « d’en apprendre davantage sur les causes de la pauvreté et de l’écart grandissant entre les riches et les pauvres en Inde ». « Cela m’a amené à mener des actions concrètes pour relever certains de ces défis », ajoute-t-il. Henri s’est impliqué au sein de la All India Catholic University Federation (AICUF), dont Cynthia était membre. La défense des droits humains est indéniablement une affaire de famille puisque leurs filles appuient le travail de leurs parents, tant sur le plan personnel que professionnel.
Grâce à son organisation People’s Watch , Henri représente légalement les personnes victimes de discrimination en raison de leur appartenance à une caste et dont les droits humains ne sont pas respectés. Il offre aussi une formation aux enseignants ainsi qu’un service de mentorat pour des programmes scolaires d’éducation aux droits humains. Depuis 1997, les activités de l’organisation ont mobilisé plus de 500 000 enfants dans 18 États indiens!
Il reste toutefois beaucoup à faire.
Henri considère que le principal enjeu en Inde est « le droit à la liberté d’expression. En particulier, le droit à la dissidence, le droit de manifestation et le droit à des opinions divergentes du gouvernement au pouvoir aujourd’hui ».
Sans de tels droits, le travail des défenseurs est sérieusement menacé. Il croit également que les défenseurs expérimentés et bien établis ont une obligation de soutenir la relève, de « leur donner les moyens d’agir et de reconnaître leurs capacités et leurs actions ».
Son conseil? « Mobilisez-vous dès aujourd’hui … Il n’y a pas un jour à perdre lorsqu’on est jeune [et agissez] à l’endroit où vous vous trouvez, aujourd’hui, ne le reportez pas à demain ».
Henri a participé au Programme international de formation aux droits humains (PIFDH) d’Equitas, à Montréal, au Canada, en tant que conférencier et personne ressource, et a encouragé plusieurs de ses propres collaborateurs et collègues à suivre la formation. Il a une grande admiration pour le travail d’Equitas. « J’admire le PIFDH – en particulier l’approche pédagogique et la méthodologie utilisée dans les formations – et la façon dont leurs ressources et manuels sont développés chaque année. C’est pour moi un modèle à suivre chaque fois que je vais à des formations en droits humains ». Il ajoute : « La formation d’Equitas ne permet pas seulement d’acquérir de nouvelles connaissances. Elle permet aussi d’adopter de nouvelles aptitudes de relations interpersonnelles afin de traiter tous et chacun sur le même pied d’égalité. Voilà le sens même des droits humains. Un sens porté par Equitas. C’est une organisation unique ».
En avril 2016, Henri est devenu le premier Indien à recevoir le très prestigieux prix des Droits Humains d’Amnistie internationale Allemagne. Mais fidèle à lui-même, il reste modeste quant à ses accomplissements en affirmant qu’« ils cherchaient une personne qui symbolise cette lutte – et non une personne qui a réussi dans cette lutte ». Il ajoute en riant « je crois que c’est grâce à ma taille que j’ai obtenu ce prix. Il y a plusieurs personnes qui sont plus petites que moi et qui n’ont donc pas pu tomber dans l’œil d’Amnistie internationale! ».
Pour Henri, ce qui est le plus important, ce sont les gens. « Nous les tenons par la main, nous entrons dans leur cœur. Nous sommes proches des personnes dont les droits humains ne sont pas respectés. Voilà l’essence même des droits humains – c’est ce qui nous apporte une satisfaction, à moi, à ma famille, à ma femme et à mes collègues et à leurs familles. C’est la seule chose qui a toujours été importante pour nous ».
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HENRI TIPHAGNE – Inde
Directeur général, People’s Watch
Conférencier et personne ressource, Programme international de formation aux droits humains (PIFDH) d’Equitas, 2015
Histoire préparée par Terri S. Blanchette, TimeSorters LLC. www.timesorters.com
Le Programme international de formation aux droits humains d’Equitas est en partie réalisé grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.
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