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Mettre fin aux mariages précoces au Cameroun par l’éducation aux droits des jeunes filles

CATHERINE MOTO-ZEH – CAMEROUN

 

Cette histoire fait partie de la série Nous sommes le changement en droits humains pour célébrer le 50e anniversaire d’Equitas (#Equitas50). Tout au long de l’année 2017, découvrez les histoires de 50 défenseur-e-s des droits humains. Ce ne sont là que quelques leaders parmi des centaines qui, avec l’appui d’Equitas, changent des vies à travers le monde par l’éducation aux droits humains.

 

 

« Le virus des droits humains m’a piqué. Aujourd’hui, je ne peux pas passer à côté d’une violation de droits humains sans que je ne réagisse. »

Pour Catherine Moto Zeh, enseignante de profession, l’éducation des jeunes filles est un combat de longue haleine au Cameroun. « Dans mon pays, si un parent a des problèmes économiques et qu’il doit choisir d’envoyer sa fille ou son garçon à l’école, sa fille sera considérée comme celle qui devrait être à la maison pour s’occuper de travaux divers. » Catherine, qui a eu l’appui de ses parents pour poursuivre ses études universitaires, milite pour donner la chance à plus de femmes d’accéder, comme elle, aux bancs d’école et aux avantages que cela procure.

« Lorsqu’à 12 ou 13 ans on doit s’occuper d’un ménage et qu’on doit avoir des enfants à un jeune âge, l’accès à l’éducation est extrêmement difficile, voire nul. L’éducation pour les jeunes filles, spécialement sur les droits humains, permet aux jeunes filles de comprendre qu’elles ont des droits ».

Le mariage précoce et forcé des jeunes filles au Cameroun bafoue le droit à l’éducation. Afin de changer cette pratique, Catherine organise des séances de sensibilisation pour les parents et les jeunes. Dans la société camerounaise, ce sont particulièrement les pères qui décident du sort matrimonial de leurs filles. Pour mobiliser les populations situées dans différentes régions au pays, les actions de Catherine s’adressent également aux leaders religieux et aux chefferies traditionnelles, qui ont encore une grande influence auprès des communautés locales.

Le défi est d’autant plus grand lorsqu’on sait que le Cameroun comprend plus de 250 ethnies et langues ! « Pour nous, il est important de respecter les traditions et cultures des communautés avec lesquelles nous travaillons. Nous avons le devoir de respecter leur culture sans quoi des discussions, par exemple sur les droits des jeunes filles, sont impossibles. »  

Pour Catherine, l’éducation aux droits humains devrait débuter dès la petite enfance. À travers son implication, elle a formé de nombreux enseignants de différentes matières afin de les aider à inclure dans le cursus scolaire des aspects liés aux droits humains. Catherine a aussi travaillé de pair avec des enseignants pour créer et animer des clubs d’éducation aux droits humains dans les lycées. Elle se souvient fièrement d’une jeune fille qui était à l’époque la présidente d’un club et qui travaille actuellement au ministère des Affaires sociales du Cameroun.

En 2002, Catherine s’est déplacée à Montréal pour participer au Programme international de formation aux droits humains (PIFDH) d’Equitas, ce qui a marqué le début d’une longue relation d’amitié avec l’ONG canadienne! Lorsque Catherine est retournée au Cameroun suite à sa formation, les gens ont vite remarqué qu’elle adoptait une nouvelle approche pédagogique dans ses séminaires et ses animations dans les clubs au sein des lycées et collèges. « Au Cameroun, on est habitué à la pédagogie de style conférence, aux cours magistraux. L’exposé de l’expert donne suite aux discussions. La méthode participative adoptée grâce à mes apprentissages à la formation d’Equitas oblige les apprenants à participer davantage. Ils retiennent donc beaucoup plus. »

Au fil du temps, Catherine est devenue une partenaire privilégiée pour Equitas en Afrique francophone, allant même jusqu’à devenir la présidente du Réseau Equitas Cameroun depuis 2012. Voyant la nécessité de former davantage de défenseurs des droits humains en provenance d’Afrique, cette experte en pédagogie a œuvré à la création des premières sessions régionales africaines du PIFDH au Burkina Faso en 2010, puis en 2012 et en 2014. L’initiative a permis de spécialiser la formation sur les thèmes touchant spécifiquement les réalités africaines.

Elle était aussi coordonnatrice générale de la cinquième session régionale de formation aux droits humains d’Equitas qui s’est tenue au Cameroun en novembre 2016. La session portait sur la prévention de la torture et accueillait une quarantaine de défenseurs de droits humains provenant de sept pays en Afrique francophone. Suite à cette formation, les participants ont mis en œuvre une action collective dans leurs pays respectifs, en vue, par exemple, de l’abolition de la traite des enfants au Cameroun ou de la ratification d’un protocole de la Convention contre la torture en Côte d’Ivoire.

 « À une certaine époque en Afrique, les gens disaient que les droits humains n’étaient pas faits pour notre continent, car ce sont des concepts importés. Mais lorsque nous discutons avec les gens des notions de respect, de liberté et de dignité humaine, ils comprennent que ces droits devraient aussi s’appliquer ici et pour tout le monde. »  

 


CATHERINE MOTO-ZEH – Cameroun

Inspectrice coordonnatrice régionale pédagogique au ministère des Enseignements secondaires et Secrétaire générale de l’École Instrument de Paix, Cameroun 
Présidente du Réseau Equitas Cameroun, depuis 2012 
Coordonnatrice générale de la session régionale de formation aux droits humains d’Equitas au Cameroun, 2016 
Coordonnatrice pédagogique des sessions sous-régionales de formation aux droits humains d’Equitas, 2011, 2012 et 2014 
Participante au Programme international de formation aux droits humains (PIFDH) d’Equitas, 2002; Co-animatrice du PIFDH, 2004; Animatrice du PIFDH, 2014 


Histoire rédigée par Paule Portugais-Poirier, rédactrice stagiaire, Equitas.

 

 

 

Le Programme international de formation aux droits humains d’Equitas est en partie réalisé grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.

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