En menant des Projets d’action communautaires (PAC) dans leur propre communauté aux quatre coins du pays, des jeunes et jeunes adultes entreprennent des actions qui soutiennent le respect des droits humains. Dans le cadre de ces projets, ces derniers ont la possibilité de cibler d’importants enjeux dans leur communauté respective et, avec le soutien d’Equitas, de lancer des projets et des activités participatives pour s’attaquer à ces enjeux et contribuer à bâtir des communautés plus inclusives et plus respectueuses des droits. L’un des PAC appuyé par le programme Parlons droits d’Equitas est celui des Jeunes féministes de la YWCA Québec. Ce projet implique un groupe de douze jeunes femmes qui utilisent l’éducation aux droits humains pour exposer des enjeux féministes pressants et s’attaquer aux mythes et stéréotypes sur le féminisme par l’éducation populaire.
Sensibiliser les décideuses et décideurs : une visite à l’Assemblée nationale
Membres de la CAP YWCA à l’Assemblée nationale du Québec
La formation et les outils d’Equitas sur comment mener une discussion et sensibiliser les décideuses et décideurs ont été des plus utiles pour la première initiative des Jeunes féministes lors d’une visite à l’Assemblée nationale du Québec. À l’invitation d’un ministre, elles ont présenté à l’Assemblée une pétition en faveur de l’égalité salariale, et elles ont également profité de l’occasion pour s’entretenir avec les décideuses et décideurs du gouvernement du Québec à propos de certains enjeux féministes que les parlementaires n’ont toujours pas abordés. Entre autres, le groupe a questionné l’utilisation de la binarité de genre par les membres de l’Assemblée lorsqu’ils ont parlé « d’égalité des femmes ». Le groupe a expliqué que le terme « égalité des genres » est plus contemporain, plus inclusif, et qu’il englobe non seulement l’égalité hommes-femmes, mais l’égalité des chances et de protection pour tout le monde dans le spectre des genres.
L’éducation populaire pour briser les stéréotypes
L’éducation populaire est un outil qui utilise une approche horizontale à l’apprentissage, et qui est axé sur la participation. Ses valeurs fondamentales sont l’engagement envers la justice sociale et la lutte contre les structures d’oppression. Les Jeunes féministes de la YWCA ont conçu des activités qui doivent se dérouler dans des cafés autour de la ville de Québec, et au cours desquelles des techniques d’éducation populaire sont utilisées pour sensibiliser les membres de la communauté, discuter des enjeux féministes et briser les mythes entourant le féminisme . Marie-Andrée Jean, la jeune femme qui dirige le PAC, affirme que les gens se méfient des « féministes » parce que selon le stéréotype véhiculé, elles sont « enragées ». Le but du PAC est donc de :
« démystifier les mythes entourant le féminisme…et de démontrer que le féminisme est accessible à tous et que les enjeux féministes concernent tout le monde. »
Comme ces activités doivent se dérouler dans un café, elles ont été conçues en vue de sensibiliser un public varié et d’inciter plus de gens à se joindre au mouvement féministe. D’après Marie-Andrée, les trousses d’Equitas (dont la trousse Parlons droits) sur comment amorcer une conversation et organiser des discussions sur les droits humains, sont d’une importance majeure pour ces activités. Le but est d’utiliser ces outils pour aborder certains des thèmes féministes les plus méconnus, tels que les droits des transgenres et les droits des travailleuses et travailleurs du sexe. Bien que le projet ait été temporairement interrompu en raison de la pandémie de COVID-19, le groupe a bon espoir qu’il se poursuivra lorsque les directives de santé publique le permettront.
Une autre stratégie que les Jeunes féministes du groupe veulent utiliser pour mieux faire connaître le féminisme et les luttes féministes est son partenariat avec le Festival International du film ethnographique du Québec (FIFEQ)*. À l’invitation des organisateurs de l’événement, le groupe a sélectionné une variété de films sur des thèmes féministes, lesquels mettront en évidence différents enjeux féministes et sensibiliseront divers publics.
Grâce à ces projets d’éducation, les Jeunes féministes de la YWCA rendent le féminisme et l’apprentissage féministe plus accessibles à un segment plus large de la population, incitant ainsi plus de gens à se joindre au mouvement pour l’égalité des genres. Les outils et la formation Equitas sur l’éducation aux droits humains ainsi que la création d’espaces afin de discuter des droits des femmes sont fondamentaux pour le succès de ces activités.
Une approche intersectionnelle au féminisme
Pour les jeunes féministes responsables de la mise en œuvre du PAC, il est primordial d’intégrer une optique intersectionnelle dans l’ensemble de leur travail et dans le travail féministe en général. Alors que les femmes et les femmes non binaires sont de plus en plus vulnérables à la violence sexiste et sexuelle, les Noirs, les Autochtones et les Personnes de couleur (BIPOC) ainsi que les femmes transgenres qui se trouvent à l’intersection de multiples systèmes d’oppression subissent souvent des taux de violence très élevés. Selon Marie-Andrée:
« une perspective intersectionnelle… ajoute une autre couche de sorte que nous ne parlons pas uniquement des femmes blanches, mais de la création d’un espace où tout le monde peut parler de son expérience . »
Qui est considéré comme une femme et qui est représenté dans les mouvements féministes est une question que les Jeunes féministes de la YWCA se posent constamment dans le cadre de leur travail. En tant que groupe, la diversité des membres est essentielle pour promouvoir l’intersectionnalité et maintenir un éventail de voix et de perspectives.
Les préoccupations concernant les conséquences de la COVID-19 sur les droits des femmes doivent être examinées à travers une optique intersectionnelle. Marie-Andrée souligne que pendant une période de quarantaine, les femmes qui ont des enfants et une famille sont souvent dépassées en raison des obligations domestiques supplémentaires engendrées par le confinement, notamment s’occuper des enfants. Aussi, la violence familiale est plus fréquente, les femmes étant confinées à la maison avec leur agresseur et avec peu de moyens de s’en sortir. De plus, les femmes occupent disproportionnellement des postes aux premières lignes de la lutte contre le virus, y compris dans le secteur des soins de santé, et par conséquent elles sont plus fréquemment exposées au virus. Toutefois, les communautés avec le plus haut taux de résidents BIPOC sont les plus touchées par le virus, et les femmes dans ces communautés sont donc plus à risque. Les Jeunes féministes de la YWCA mettent tout en œuvre pour que leur éducation féministe soit intersectionnelle et qu’elle inclue toutes les femmes dans le mouvement féministe.
Renforcer le pouvoir d’agir des communautés
Pour ce groupe de jeunes féministes, le soutien d’Equitas a été déterminant dans la conception et la réalisation de leurs activités. Marie-Andrée souligne que la trousse Parlons Droits et le soutien du personnel d’Equitas ont apporté des idées et expériences indispensables à leur projet. En sensibilisant davantage les communautés locales, en leur donnant des outils pour renforcer leur capacité de cerner les enjeux qui les touchent et d’entreprendre des projets d’éducation aux droits humains importants pour elles, Equitas met à profit le leadership communautaire et inspire de nouveaux leaders dans les mouvements des droits humains.
*Le FIFEQ a été reporté en raison de la COVID-19, soit à l’automne 2020 ou au printemps 2021 (à déterminer).