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À la rencontre de Nadjet

Nadjet Bouda se tient devant une assemblée de jeunes activistes passionnés, puissants et bavards. Elle a organisé et aide à animer un atelier sur comment appliquer l’approche fondée sur les droits humains, quelque chose qu’elle a fait des dizaines de fois pour différentes organisations des droits humains et de développement à travers le monde. Mais cette fois, c’est différent: il y a une résonance qu’elle n’a jamais ressentie auparavant.

Elle est de retour dans sa ville natale, Alger, et parle devant la même organisation de jeunesse dont elle faisait partie adolescente. Regardant le groupe de jeunes devant elle, elle se revoit dans leurs visages et dans leur idéalisme. Cela ravive des souvenirs puissants de son passé et des débuts de sa quête pour la justice sociale il y a presque 20 ans. Le sentiment est indescriptible. Elle est honorée, émue et extrêmement satisfaite de boucler la boucle, revenue à ses racines et là où son histoire a commencé.

Ses débuts

Nadjet se présente comme une femme Algérienne Berbère, une activiste, une Canadienne et une féministe. Née en Algérie et ayant grandi dans la violence de la guerre civile, elle se souvient avoir été forcée de quitter la maison familiale à l’adolescence.

“J’ai été témoin de tant d’atrocités, de tant d’injustice. La guerre m’a volé ma jeunesse et m’a pris ce qui devait être la période la plus heureuse ma vie, mais ça a aussi fait qui je suis aujourd’hui.”

En réalité, ce fut sa recherche d’une tribune pour publier ses poésies qui a poussé Nadjet, alors âgée de 16 ans, à rejoindre l’organisation locale de la jeunesse, où elle s’est insérée dans une communauté d’activistes. Cette expérience l’a transformée et est devenue la fondation de sa vie et de sa carrière dédiée à l’avancement des droits humains, de la démocratie et de l’égalité. La colère, l’idéalisme et la passion qu’elle avait mis dans ses poèmes trouvaient un écho et elle commença à construire son avenir autour de l’activisme, pour finalement se lancer dans des études de sciences politiques afin d’améliorer son travail.

Elle a pris une décision difficile en quittant l’Algérie, au début de sa vingtaine.

“Je n’avais jamais prévu de partir”, dit-elle. “Mais je crois que j’en étais arrivée à la conclusion que j’étais peut-être trop idéaliste pour les conditions dans lesquelles je travaillais. Même avec toute la passion et la volonté du monde, quand il y a trop de défis socio-économiques, cela peut être difficile de maintenir cette dynamique”.

Cette quête pour de nouveaux enseignements et de nouvelles opportunités l’a amenée en Grande-Bretagne où elle a travaillé avec Amnesty International, continuant de construire sa compréhension du paysage international des droits humains pour finalement s’installer au Canada.

Évolution

Peu après son arrivée au Canada, son chemin croise celui d’Equitas et de l’organisation du Programme international de formation aux droits humains.

“J’ai été vraiment impressionnée par la méthodologie qu’ils utilisaient. La manière dont ils plaçaient les voix et expériences des participants au premier plan, adoptant une approche fondée sur le principe de l’égalité plutôt que de se positionner comme des “experts”. Je savais que c’était une organisation avec laquelle je voulais travailler à ce moment précis”.

Cependant, cela prendra quelques temps avant que son chemin ne recroise celui d’Equitas et ses premières années au Canada furent éprouvantes et solitaires. Elle a connu des difficultés, son expérience universitaire et professionnelle n’étant pas reconnue et son réseau personnel réduit. Elle a accepté les emplois qu’elle trouvait, travaillant pour un temps dans une usine jusqu’à ce qu’elle se voie offrir un poste dans une organisation de femmes au Québec, pour écrire sur les stéréotypes de genre et la violence à l’égard des femmes.

À travers ce travail, elle a acquis une nouvelle compréhension et un nouveau vocabulaire pour décrire certaines de ses propres difficultés, y compris le racisme qu’elle avait vécu en tant que femme immigrante musulmane au Canada.

“Travailler avec des organisations communautaires au Québec a fait de moi, pour la première fois, une féministe. Même si je me considérais comme telle en Algérie, je n’avais jamais imaginé que j’avais besoin d’affirmer et de m’affirmer comme féministe”, explique-t-elle.

Quelques années plus tard, ayant surmonté de nombreux obstacles personnels et professionnels, elle a finalement eu la chance d’intégrer l’équipe Equitas où elle est aujourd’hui Chargée de programme principale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. À travers ce rôle, elle puise dans ses nombreuses expériences d’activiste pour développer des relations stratégiques avec les partenaires, contribuant à la conception du contenu des formations et appuyant les ancien-nes participant-e-s des programmes éducatifs d’Equitas dans leurs projets nationaux. Actuellement, à travers l’initiative Rawabet d’Equitas, elle soutient le travail de véritables éducatrices et éducateurs en droits humains de Tunisie, de Jordanie, d’Égypte et du Maroc pour développer et mettre en œuvre des actions visant à promouvoir les droits sociaux et économiques dans leurs communautés respectives en utilisant les nouvelles technologies.

Leader du changement

L’incarnation du citoyen du monde : Nadjet est une femme, Algérienne, Canadienne, musulmane, féministe, activiste, éducatrice, poète et leader du changement social. Les divers aspects de son identité qui constituaient auparavant des barrières convergent dorénavant alors qu’elle soutient des gens à travers le monde à exploiter la beauté de leurs propres identités complexes en créant un changement réel et positif à l’intérieur de mouvements locaux.

Nadjet est une fière ambassadrice d’Equitas et de sa capacité unique à réhabiliter les organisations partenaires.

“Nous ne sommes pas là pour sauver les gens, nous ne sommes pas des experts”, explique-t-elle. “La vie et l’esprit d’Equitas sont objectivement différents. Nous nous montrons comme authentiques, nous écoutons les gens au-delà des chargés de programmes et des bailleurs de fonds. Ensemble, nous développons des programmes avec les partenaires qui reposent sur le pouvoir des gens. Des programmes où la capacité de ceux qui sont concernés est au cœur du changement social que nous souhaitons réaliser”.

Le pouvoir des gens

On dit qu’on ne peut jamais revenir chez soi. Les espaces et les endroits qui étaient inoubliables dans notre jeunesse, n’existent plus de la même manière pour nous, en grande partie en raison de nos propres changements. Nous apprenons, nous grandissons, nous sommes blessés et nous guérissons. Quand Nadjet est revenue en Algérie, elle est arrivée transformée par 20 ans d’expérience de vie, de leçons et une passion renouvelée d’aider les autres à canaliser leur pouvoir et à utiliser leurs voix.

La confiance que place Nadjet dans le pouvoir des gens à améliorer le monde est inspirante et son optimisme pour l’avenir est tangible.

“Il est facile de devenir découragé ou cynique quand on regarde ce qui se passe dans le monde aujourd’hui. Cela peut miner l’espoir”, admet-elle. “Mais ensuite je mène un atelier rempli de gens ordinaires – des gens de la classe moyenne, des gens qui n’ont malheureusement pas eu la chance d’accéder à l’éducation supérieure – qui prennent le pouvoir et résistent. Je sais que ces gens existent à travers le monde et qu’ils résistent tous à leur manière. Cela me redonne espoir”.

 

© INLE Social Performance 2019

Auteurs: Jocelyn Kelln & Stephanie Garrett