FERNANDA LAPA – BRÉSIL
Cette histoire fait partie de la série Nous sommes le changement en droits humains pour célébrer le 50e anniversaire d’Equitas (#Equitas50) . Tout au long de l’année 2017, découvrez les histoires de 50 défenseur-e-s des droits humains. Ce ne sont là que quelques leaders parmi des centaines qui, avec l’appui d’Equitas, changent des vies à travers le monde par l’éducation aux droits humains.
Des itinérants de Joinville au Brésil jusqu’aux Nations Unies à Genève, Fernanda Brandão Lapa promeut l’émancipation par l’éducation aux droits humains (ÉDH). Son travail transforme la vie de personnes à tous les niveaux : la rue, l’école, la ville, le pays et le monde.
Avocate et titulaire d’un doctorat en éducation, Fernanda a effectué un stage à la Cour interaméricaine des droits humains au Costa Rica puis a enseigné des cours afin de faire un choix de carrière éclairé. Elle a ensuite choisi l’éducation aux droits humains : « En droit, s’il y a violation, l’avocat tente de minimiser les effets néfastes. En éducation, vous contribuez à une transformation. On ne peut changer le passé, mais on peut transformer l’avenir ». En 2004, Fernanda a cofondé l’Institut de développement et droits humains (IDDH): une organisation non gouvernementale basée à Joinville, une ville de 600 000 habitants à Santa Catarina, au Brésil. Elle a reçu l’appui d’Equitas en participant au Programme international de formation aux droits humains (PIFDH).
« C’était la première fois, parmi les nombreuses formations internationales que j’ai suivies , que je me sentais à ma place . Le programme mettait l’accent sur les éducateurs, plutôt que les avocats ou les militants » , déclare l’éducatrice et avocate.
Le premier projet de l’Institut a été de former des avocats et des travailleurs d’ONG, en leur permettant d’acquérir des connaissances en matière de droits humains à l’échelle internationale. Alors que le projet en est à sa dixième année, la moitié des participants à la formation proviennent aujourd’hui du gouvernement — juges, avocats et fonctionnaires. « Ils utilisent des traités et des mécanismes internationaux dans le cadre de leur travail », affirme Fernanda.
En 2006, l’IDDH a commencé à faire pression pour l’élaboration d’un plan national d’ÉDH pour les fonctionnaires, les journalistes, la police et les élèves de six à quatorze ans — tant en éducation formelle qu’informelle. Un plan national audacieux pour l’éducation aux droits humains a ainsi été mis sur pied grâce au travail de plaidoyer effectué auprès du gouvernement. Fernanda est alors devenue l’une des cinq représentantes du secteur non gouvernemental au sein du Comité national de l’éducation aux droits humains. Sur le terrain, avec l’appui du Secrétariat local d’éducation, l’ONG a commencé à concevoir du matériel et à former des enseignants.
Fernanda s’est rendue de nouveau à Montréal pour collaborer avec Equitas en 2011, grâce à une bourse du gouvernement canadien, afin de travailler sur le développement d’un programme scolaire qui est aujourd’hui utilisé dans 80 écoles locales. La méthode participative en éducation créée par le Brésilien Paulo Freire est souvent utilisée au Brésil, notamment en éducation populaire et en enseignement informel dans la communauté. Alors que Fernanda découvrait la même méthodologie lors de sa formation avec Equitas, elle s’est dit qu’il serait intéressant « d’utiliser une approche participative au sein des écoles pour enseigner les droits humains ». Les enseignants en formation avec l’IDDH ont donc pu bénéficier de cette méthodologie et créent aujourd’hui leurs propres activités participatives en matière de droits humains à utiliser en classe.
« L’éducation continue d’être la clé du changement social. Tout le monde devrait avoir accès à l’édu cation, y compris l’éducation aux droits humains : valeurs, habilitati on, non-discrimination, égalité … c’est la seule façon de réduire les violations des droits humains » , affirme Fernanda.
Elle demande l’appui des directeurs, des enseignants et des professeurs de toutes les écoles pour atteindre un tel objectif.
Parmi les succès de Fernanda, on compte également son travail effectué auprès des sans-abri. « Il s’agit d’un grand centre économique ici, mais les sans-abri de Joinville m’ont dit qu’ils n’iraient jamais à un bureau juridique. Nous avons donc demandé au service juridique d’aller vers les sans-abri. » Le chef du Bureau des défenseurs publics a accepté la demande. La politique publique veut maintenant que les bureaux s’installent temporairement dans les rues une fois par mois en vue de faciliter l’accès à la justice des sans-abri en matière civile et pénale.
Après quatre années de travail de l’IDDH et des dirigeants du Brésil, le MERCOSUR, soit le marché commun de l’Amérique du Sud dont sont membres l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et le Venezuela, élabore un plan régional d’éducation aux droits humains. L’ONG de Fernanda ne s’est pas arrêtée là. Elle fait aussi pression auprès de l’ONU pour une déclaration sur l’éducation et la formation aux droits humains. Selon Fernanda, une telle déclaration doit inclure des indicateurs d’évaluation. « Encore aujourd’hui, je vais parfois dans une école où je ne vois aucune preuve que les droits humains y sont enseignés », dit-elle. « L’ONU voudra des rapports et les pays devront évaluer les résultats de leurs plans ».
Fernanda continue aussi d’enseigner. Elle est professeure des droits humains et de droit international à la Faculté de droit de l’Université de la région de Joinville et coordonnatrice de la clinique des droits de la personne. Ancienne professeure de yoga, elle médite et pratique le hatha yoga. La plongée est aussi un passe-temps familial, tout comme le voyage. « Nous aimons apprendre à connaître différentes cultures et la nourriture. Nous cuisinons tous », dit-elle. Mais pour cette éducatrice inspirée et inspirante, « plus grande satisfaction est de voir les gens changer et qu’ils constatent eux-mêmes cette transformation en s’écriant Wow! Je n’y avais jamais pensé! »
VIDEO
FERNANDA LAPA – BRÉSIL
Coordonnatrice générale, Institut de développement et droits humains (IDDH), Brésil
Participante, Programme international de formation aux droits humains (PIFDH) d’Equitas, 2010
Histoire rédigée par Deborah Wilbrink , Perfect Memoirs . www.PerfectMemoirs.com
Le Programme international de formation aux droits humains d’Equitas est en partie réalisé grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.
Avez-vous aimé cette histoire? Appuyez-nous ! Même les plus petits dons peuvent aider Equitas à remplir sa mission.