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Donner une voix aux femmes victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo

JULIENNE LUSENGE – République démocratique du Congo

 

Cette histoire fait partie de la série Nous sommes le changement en droits humains pour célébrer le 50e anniversaire d’Equitas (#Equitas50). Tout au long de l’année 2017, découvrez les histoires de 50 défenseur-e-s des droits humains. Ce ne sont là que quelques leaders parmi des centaines qui, avec l’appui d’Equitas, changent des vies à travers le monde par l’éducation aux droits humains.

 

Julienne Lusenge prend rapidement conscience des souffrances des victimes de violences sexuelles. En 2003, cette femme forte et batailleuse suit de près le cas d’une fillette de 3 ans morte sur le coup de viol perpétré par 4 adultes civils. Son pays, la République démocratique du Congo (RDC), est pris dans un conflit armé extrêmement meurtrier depuis plus d’une vingtaine d’années. C’est dans ce contexte que Julienne décide de dévouer sa vie à l’assistance des femmes et des enfants victimes des déplacements forcés et des violations graves des droits humains, particulièrement les violences sexuelles. Les viols ne sont pas seulement utilisés comme arme de guerre ; les guerres ont exacerbé les violences sexuelles dans la société congolaise. Tous les groupes armés commettent des viols, y compris certains individus au sein des services de sécurité et des Casques bleus des Nations Unies.

Son combat face à ce fléau : assister les victimes, sensibiliser la population aux risques et conséquences des violences, et mettre fin à l’impunité des crimes sexuels.

Son premier contact avec la population se fait par l’intermédiaire de la radio. Elle se joint à un petit groupe de journalistes pour rompre l’isolement des populations éloignées et oubliées par l’État. Sur les ondes, Julienne sensibilise son public sur les questions des droits humains et particulièrement sur les droits des femmes. « La radio permet d’informer les communautés déchirées par la guerre et les victimes de violations sexuelles où trouver de l’aide. C’est un moyen aussi de pouvoir crier non à la guerre », raconte Julienne. Elle constate à travers ses émissions radio le manque de services offerts aux femmes ayant souffert de violences sexuelles et souvent abandonnées par leur famille et leur communauté.

En l’an 2000 à Bunia, Julienne, en collaboration avec 7 autres journalistes de la radio CANDIP (Centre d’animation et de diffusion pédagogique) crée l’organisme SOFEPADI (Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral). La réinsertion des survivantes de violences sexuelles est à la base des objectifs de l’organisme que Julienne préside actuellement. Elle organise entre autres des formations pour les survivantes touchant différents thèmes : le leadership, les lois en place protégeant les femmes, la résolution de conflit, etc. « Mais les formations ne s’adressent pas seulement aux femmes. On fait aussi la promotion de l’égalité des genres auprès des chefs coutumiers, des juges, des policiers, des jeunes ». Les résultats de ces formations sont clairs pour Julienne. Elle perçoit déjà un changement d’attitude vis-à-vis des victimes de violences sexuelles et une diminution de leur stigmatisation.

« Lorsque les gens comprennent que toutes les femmes sont à risque d’une agression sexuelle, les survivantes sont moins portées à être laissées à elles-mêmes ».

L’éducation aux droits humains pour les femmes congolaises représente aussi un « outil de transformation » selon Julienne, car elle leur permet de devenir des agentes de changement, plutôt que d’être simplement des victimes. Julienne Lusenge, surnommée affectueusement « maman Julienne », est extrêmement fière des femmes qu’elle appuie dans leurs démarches judiciaires. Grâce aux formations données par SOFEPADI, des femmes survivantes de violences sexuelles haussent leur voix pour remettre en question des décisions judiciaires qui les concernent, et cela, directement devant les juges. «Elles deviennent conscientes de leurs droits et se battent pour les défendre, peu importe le milieu d’où elles viennent et leur niveau d’éducation».

Julienne a participé au Programme international de formation aux droits humains (PIFDH) d’Equitas, à Montréal, au Canada, en 2005 après d’incroyables démarches pour l’obtention de son visa et de déplacements dans un pays en guerre. Depuis cette première formation, elle a aidé plusieurs de ses collègues congolais à suivre le PIFDH à Montréal.

« La formation m’a donné davantage d’énergie et de connaissances pour la continuation de mon implication. Les concepts de droit international abordés ont amélioré ma compréhension propice au plaidoyer. Je n’oublierai jamais le chapitre qui parle du fait que les droits sont tous interreliés ».

Lorsqu’elle se déplace pour donner un discours devant les instances de l’ONU afin de parler de la situation des femmes congolaises dans un contexte de guerre ou bien qu’elle donne une conférence au Forum social mondial, Julienne sait faire usage des concepts appris lors de son passage au Programme international de formation aux droits humains d’Equitas, à Montréal. Son incroyable prestance fait aussi résonner son message pour le retour à la paix dans son pays et l’inclusion des femmes dans ce processus.

Grâce à SOFEPADI et à l’hôpital fondé par l’organisme, plus de 4 355 survivantes de violences sexuelles ont bénéficiées d’une prise en charge holistique, ont été formées et sont devenues des activistes de 2010 à 2016. Alors que sa collègue a été agressée physiquement et qu’elle-même et sa famille ont dû être relocalisées à trois reprises pour leur sécurité, Julienne continue le combat pour donner une voix aux femmes congolaises et lutter contre l’impunité des crimes sexuels qu’elles subissent.

 


JULIENNE LUSENGE – République démocratique du Congo
Présidente, SOFEPADI – Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral
Participante au Programme international de formation aux droits humains (PIFDH) d’Equitas, 2005


Histoire rédigée par Paule Portugais-Poirier, rédactrice stagiaire, Equitas.

 

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