HERLAMBANG PERDANA – Indonésie
Cette histoire fait partie de la série Nous sommes le changement en droits humains pour célébrer le 50e anniversaire d’Equitas (#Equitas50). Tout au long de l’année 2017, découvrez les histoires de 50 défenseur-e-s des droits humains. Ce ne sont là que quelques leaders parmi des centaines qui, avec l’appui d’Equitas, changent des vies à travers le monde par l’éducation aux droits humains.
Enseigner les droits humains au niveau universitaire a permis à Herlambang Perdana de travailler en étroite collaboration avec des éducateurs et des défenseurs des droits humains en Indonésie et dans d’autres pays de l’Asie du Sud-Est.
Dans la ville de Surabaya, dans l’est de Java, Herlambang donne des conférences sur les droits humains à la Faculté de droit d’Universitas Airlangga. Il occupe actuellement le poste de président du Centre for Human Rights Law Studies de la Faculté de droit. Il termine aussi un mandat de deux ans en tant que président de l’Indonesian Lecturer Association for Human Rights (SEPAHAM Indonésie). En plus de ces fonctions, Herlambang collabore avec 24 groupes de défense des droits humains en Asie du Sud-Est.
Après que l’ex-président indonésien Suharto ait démissionné en 1998, il y a eu une certaine réforme, affirme Herlambang, mais les violations des droits humains perdurent. Plutôt que d’être perpétrées par la police ou le personnel paramilitaire, les violations des droits humains sont maintenant le fruit des intérêts des entreprises qui emploient ce que Herlambang appelle des « gangsters privés » pour menacer les gens.
Le milieu universitaire est particulièrement vulnérable aux tactiques d’intimidation de la part de ceux qui occupent des postes de pouvoir économique. À titre d’exemple, Herlambang raconte que s’il écrivait un rapport de recherche critique sur une entreprise, « le document sera rapporté aux autorités en le qualifiant de faux et diffamatoire ». Des tactiques similaires réduisent au silence les voix du peuple et détournent les priorités politiques. « Le problème demeure donc irrésolu dans certains cas », dit-il.
La répression contre le monde universitaire et la société civile est l’une des principales raisons pour lesquelles il est important que l’Indonésie et tous les autres pays de l’ASEAN (l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est) communiquent entre eux et organisent des conférences annuelles sur les droits humains. Le Southeast Asian Human Rights Studies Network (SEAHRN), créé en 2009 par Herlambang, organise de telles conférences et plateformes régionales pour discuter de divers enjeux tels que les droits des personnes LGBTQI (lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queer et intersexuées) et les droits des migrants.
La conférence de 2016 de SEAHRN a eu lieu à Bangkok. « Les participants venaient des États-Unis, d’Europe et d’autres continents pour échanger avec des intervenants d’Asie du Sud sur diverses questions relatives aux droits humains. Je crois que ce type d’initiative devrait se poursuivre, car elle prend aujourd’hui de l’ampleur, a une influence de plus en plus importante et qu’il est essentiel de participer à la prise de décision dans la région ».
Après avoir obtenu son baccalauréat en 1998, Herlambang a travaillé pendant plusieurs années comme avocat auprès de l’aide juridique indonésienne pour défendre les personnes en situation de pauvreté et les victimes de violence. Il a commencé son emploi actuel en 2003 et a participé au Programme international de formation aux droits humains (PIFDH) d’Equitas en 2005. Il a ensuite obtenu son diplôme de maîtrise en droits humains en Thaïlande et un doctorat à la Leiden Law School aux Pays-Bas.
Lorsqu’on questionne Herlambang sur son expérience au PIFDH, il répond : « Ils adoptent une stratégie brillante en accordant une attention particulière à la méthodologie d’enseignement des droits humains. En Indonésie, à l’époque, surtout au niveau universitaire, il fallait suivre un cours sur les droits humains à l’école de droit, mais nous n’avions pas de méthodologie sérieuse pour l’enseigner ».
« J’ai beaucoup appris grâce à cette formation. Cela m’a entre autres permis d’améliorer ma méthodologie pédagogique et la manière d’approcher les gens afin de les éduquer en matière de droits humains », a-t-il ajouté.
L’Indonésie est l’un des pays où Equitas a une association d’anciens participants du PIFDH, qui se tient chaque année à Montréal. Ces anciens participants offrent en Indonésie des formations annuelles semblables à celles offertes par Equitas au Canada.
Grâce à son expérience auprès d’Equitas en 2005, Herlambang détenait les qualifications nécessaires pour agir à titre d’animateur de cette formation locale et pour enseigner l’éducation aux droits humains pendant trois semaines. « Je n’avais jamais fait quelque chose de semblable dans ma vie », dit-il. « Equitas nous appuie et nous outille pour que la formation ne soit pas ennuyeuse ». Les participants provenaient d’ONG, de groupes de défense des droits humains, d’institutions gouvernementales et de cabinets d’avocats pour échanger dans cet espace sûr et ensuite retourner dans leur pays d’origine avec de nouveaux outils et des solutions face aux nombreux défis en matière de droits humains.
Herlambang sent que son travail fait une différence. « Je crois que l’éducation permet au x gens de défendre leurs droits » , dit-il . « L’éducation peut changer le sentiment d’impuissance et aider les gens à croire en leur capacité à changer les choses et à se défendre ».
« Je rêve de faire le pont entre les universités en Indonésie et les victimes, ceux et celles qui n’ont pas le pouvoir », affirme Herlambang. « La communauté universitaire devrait jouer le rôle de leader dans la défense des droits des personnes marginalisées et le changement social au pays. Le principal mandat des universités devrait être l’autonomisation. L’enjeu prioritaire que nous devrions donc mettre de l’avant en Indonésie est celui de protéger la liberté académique ».
VIDEO
HERLAMBANG PERDANA – Indonésie
Chargé de cours sur les droits humains, Faculté de droit, Universitas Airlangga
Participant au Programme international de formation aux droits humains (PIFDH) d’Equitas, 2005
Animateur du Programme annuel de formation aux droits humains, Indonésie
Histoire rédigée par Serenah McKay
Le Programme international de formation aux droits humains d’Equitas est en partie réalisé grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.
Avez-vous aimé cette histoire? Appuyez-nous ! Même les plus petits dons peuvent aider Equitas à remplir sa mission.