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Il est temps : Comment Hadeel Abu Soufeh donne une voix aux personnes vivant avec un handicap en Jordanie

Depuis plus de sept ans, Hadeel Abu Soufeh travaille d’arrache-pied dans la lutte pour les droits des personnes vivant avec un handicap. À seulement 29 ans, la jeune femme a déjà contribué à des avancées considérables au sein des institutions jordaniennes et elle a aidé à rendre le pays plus accessible.

En tant que personne vivant avec un handicap en Jordanie, Hadeel a souvent été victime de discriminations et de stéréotypes. Quand elle étudiait à l’université, cela l’a habilitée à promouvoir l’accessibilité universelle et à changer son environnement. Cette expérience l’a motivée à participer au Programme international de formation aux droits humains (PIFDH), un programme intensif de trois semaines, organisé par Equitas, qui fournit aux défenseurs et défenseuses des droits humains les outils afin de rendre l’éducation aux droits humains plus efficace.

« Je crois qu’il est important de promouvoir ces droits parce que nous faisons face à de nombreux défis en Jordanie. L’un des principaux défis pour les personnes ayant un handicap est la culture et l’idée préconçue selon laquelle les personnes ayant un handicap doivent rester chez elles et ne peuvent rien faire. En tant que femme et en tant que femme ayant un handicap, nous subissons une discrimination multiple. Alors j’ai compris que la sensibilisation était quelque chose de très important pour la communauté et les personnes elles-mêmes. De nombreuses initiatives commencent à plaider pour nos droits, mais nous connaissons des difficultés plus importantes à faire intégrer nos droits ».

Elle croit que l’intégration et la sensibilisation aux droits des personnes vivant avec un handicap et faisant partie de groupes vulnérables sont les meilleurs moyens pour que ces personnes soient mieux respectées dans la société jordanienne. C’est un premier pas avant que le gouvernement et les autres organisations ne soient plus efficaces dans la mise en œuvre de plans d’actions et d’autres initiatives aidant les personnes vivant avec un handicap. Dans son pays, elle note un important « manque d’accessibilité et d’aménagement raisonnable », et ce particulièrement pendant le mois du Ramadan, ce qui l’a incitée à lancer dans son université Sar Waqtha (Il est temps), une campagne promouvant les droits des personnes vivant avec un handicap.

« Dans mon université, the University of Jordan, il n’y avait pas de toilettes accessibles, et maintenant, nous en avons 21 sur le campus. Il y a des rampes partout pour que nous puissions accéder aux bâtiments sans l’aide de personne, les salles informatiques sont équipées de lecteurs d’écran et nous disposons d’une sonothèque pour les personnes ayant une déficience visuelle, où des volontaires enregistrent des livres audios qui leur sont destinés. Nous avons des ascenseurs, des interprètes gestuels pour d’autres programmes. Dernièrement, nous avons aussi ajouté des TacTiles, des dalles – linéaires et en forme de points – qui indiquent s’il y a un danger devant et créent un passage sécurisé pour les étudiants ayant une déficience visuelle. C’est un projet unique en Jordanie. »

Dans le but d’inciter les personnes vivant avec un handicap à « briser les stéréotypes et à les encourager à sortir et à interagir avec d’autres personnes », elle a collaboré sur des projets comme l’initiative Masar, qui, par des voyages organisés dans des zones touristiques, aide à construire un sentiment de communauté chez les participantes et les participants. Elle a également contribué au projet Cumestair qui invite les personnes vivant avec un handicap à prendre part à des activités bénévoles. Son dernier projet utilise les médias sociaux pour favoriser l’autonomie des personnes vivant avec un handicap dans leur vie quotidienne, notamment par des appareils qui aident les personnes à mobilité réduite à s’habiller seules.

Outre ses initiatives en faveur de l’accessibilité et de la sensibilisation dans son pays, elle a collaboré avec la société civile et les organisations non-gouvernementales pour l’inclusion des personnes vivant avec un handicap. Par exemple, elle est membre du comité consultatif du programme d’Equitas, Rawabet, en Jordanie, une initiative de renforcement des capacités qui travaille à habiliter les jeunes. Dans ce projet, elle travaille sur l’inclusion des personnes vivant avec un handicap en menant des formations sur l’intégration et sur comment utiliser l’approche fondée sur les droits humains pour aider ce groupe.

« Mon rôle est de m’intéresser aux jeunes ayant un handicap et comment nous pouvons les impliquer dans le programme, et parvenir à une meilleure accessibilité. Je sensibilise sur les manières de rendre vos projets plus inclusifs et accueillants pour tous, pas seulement pour les personnes ayant un handicap, afin que personne ne soit laissé pour compte ».

Malgré son expérience de travail dans le domaine des droits humains, quand elle a rejoint le Programme international de formation aux droits humains d’Equitas, Hadeel était particulièrement impressionnée par qu’il reste à apprendre. « Pour moi, quand j’ai commencé le PIFDH, je pensais avoir beaucoup d’informations sur les droits humains, mais j’ai été surprise de tout ce que je devais perfectionner. Je commençais à me dire « Comment je peux partager cette information, comment je peux la traduire en arabe et comment je peux l’intégrer à mon programme de formation » ».

Elle croit que sa formation a été enrichie par les personnes qu’elle a rencontrées et par le partage d’expérience. En en apprenant davantage sur une multitude de pays, de cultures et de milieux et en voyant tout ce qu’ils avaient en commun, elle a appris à appréhender les droits humains de manière plus générale au lieu de se concentrer sur sa seule expérience.

« J’ai l’impression que j’étais une étudiante ici, et j’assistais à des cours mais la manière d’apprendre est tout à fait différente. C’est davantage un dialogue, ça fonctionne dans les deux sens ».

Par cette expérience, Hadeel est déterminée à mettre pleinement en œuvre une approche fondée sur les droits humains dans la formation dispensée par son organisation et dans ses initiatives, afin de mieux promouvoir les droits des personnes vivant avec un handicap. Dans son domaine, la plupart du personnel privilégie une approche fondée sur la charité, qui n’est ni durable ni émancipatrice. En raison de la résistance à changer les mentalités, l’un de ses principaux objectifs est d’utiliser de nouvelles méthodes pour former son équipe et ses collègues et les convaincre d’utiliser de nouvelles approches dans leur travail. Outillée des connaissances qu’elle a acquises au PIFDH, elle espère continuer à développer les capacités des groupes marginalisés en Jordanie et à encourager de plus grands changements en Jordanie.

Par Elyette Levy, stagiaire en communications à Equitas