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Des citoyens s’élèvent contre l’homophobie en Ouganda

La loi anti-homosexuelle adoptée en Ouganda en février dernier constitue un net recul pour les défenseurs des droits humains. Elle criminalise la «promotion de l’homosexualité» et rend possible l’incarcération à vie des personnes reconnues coupables « d’homosexualité aggravée». La société civile n’est toutefois pas demeurée silencieuse. Comme le rapporte le co-animateur du PIFDH Ronald Kakembo, l’éducation aux droits humains et les campagnes de sensibilisation des dernières années en Ouganda pourraient contribuer à changer la donne.

Equitas: Comment décrivez-vous la situation des droits humains en Ouganda?

Ronald Kakembo: En dépit de la loi anti-homosexuelle, la situation des droits humains s’est améliorée de façon significative au cours des 15 dernières années. Bien des gens vivent toujours dans des conditions qui sont loin d’être acceptables, mais le niveau de conscience de la population par rapport aux droits humains n’a jamais été aussi élevé. La société civile est plus dynamique que jamais et l’engagement citoyen est en croissance. Plus important encore, les questions de droits humains qui sont débattues dans l’espace public s’étendent maintenant à de nombreux enjeux. On ne milite plus seulement pour des droits politiques; on revendique aussi des questions de droits économiques, sociaux et culturels.

E: Comment expliquez-vous alors la loi anti-homosexuelle?

RK: D’un point de vue extérieur il est évident que la situation va très mal. Dans une perspective historique, toutefois, on commence à percevoir une amélioration. Parce qu’il y a 10-15 ans, il était hors de question d’avoir un débat public sur l’homosexualité. À l’époque, les gens avaient peur de parler de toute question relative aux LGBTI parce que vous risquiez de vous faire exclure de votre communauté. Alors qu’aujourd’hui, la société civile ose contester la loi.

Les tribunaux sont beaucoup plus utilisés que dans le passé pour défendre les droits humains, et ces mêmes tribunaux offrent aussi une tribune pour débattre de ces questions. Malgré la loi, bien des personnes n’ont pas peur de parler. C’est même devenu un sujet de discussion pour les enfants dans les écoles.

E: Qu’est-ce qui a rendu possible ce changement?

RK: L’éducation civile est en grande partie responsable. Au cours des cinq dernières années il y a eu un effort concerté pour mettre en place des campagnes de sensibilisation. Les gens entendent de plus en plus parler de leurs droits, des responsabilités de leurs dirigeants, des occasions qui s’offrent à eux pour  prendre la parole et des choses qu’on ne devrait pas tolérer. Ils ont appris que leur voix compte. De plus, les campagnes de sensibilisation ne se sont pas limitées à des ateliers; il y a eu un éveil des citoyens et la population utilise de plus en plus les nouveaux médias pour faire entendre son point de vue sur la mauvaise gouvernance et la corruption.

L’éducation aux droits humains est au coeur de ce changement. Sans l’éducation et la connaissance les gens restent dans l’ignorance de leurs droits. Il faut aussi répéter le message inlassablement. C’est pourquoi l’éducation doit être la pierre angulaire de ce que nous faisons. Il faut mettre en place des mesures proactives plus engageantes pour le public et développer de nouvelles tactiques. Nous avons encore beaucoup de travail sur la planche!

Ronald Kakembo est consultant pour Front Line Defenders en Afrique subsaharienne. Il sera co-animateur au Programme international de formation aux droits humains à Montréal, du 8 au 27 juin 2014.

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