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Déployer un réseau régional d’éducation aux droits humains en Afrique francophone

Frédéric Diouf – Sénégal

 

Cette histoire fait partie de la série Nous sommes le changement en droits humains pour célébrer le 50e anniversaire d’Equitas (#Equitas50). Tout au long de l’année 2017, découvrez les histoires de 50 défenseur-e-s des droits humains. Ce ne sont là que quelques leaders parmi des centaines qui, avec l’appui d’Equitas, changent des vies à travers le monde par l’éducation aux droits humains.

 

 

Des dizaines de milliers de personnes courageuses partout sur la planète dédient leur vie à la promotion d’un monde plus juste, plus équitable et plus pacifique. Pour Frédéric Philippe Diouf, défenseur des droits humains au Sénégal, sa motivation est claire : redonner aux communautés leur pouvoir et leur autonomie pour bâtir la solidarité, participer aux processus décisionnels et prendre en main leur avenir est essentiel. C’est la population elle-même qui doit être soutenue pour faire face aux injustices auxquelles elle est confrontée. Et pour défendre ses droits, il faut d’abord les connaître : « La solution, il ne faut pas la chercher loin, c’est l’éducation à la citoyenneté et aux droits humains. Si les citoyens africains sont mieux éduqués, sont conscients de leurs droits, je crois qu’il y a des choses qui ne pourront plus se passer ».

À ses yeux, la formation qu’il a lui-même reçue en 2006 à Montréal, dans le cadre du Programme international de formation aux droits humains (PIFDH) d’Equitas, marque un tournant dans son parcours. L’approche participative d’Equitas lui a permis de revoir complètement son rôle en tant que formateur aux droits humains. Plutôt qu’inscrire l’éducation aux droits humains dans une relation hiérarchique entre éducateurs et participants, Frédéric a réalisé le réel potentiel transformateur de l’apprentissage mutuel par les pairs.

Il a appliqué ces mêmes principes dans les formations offertes par la suite dans diverses régions au Sénégal, notamment à des enseignants d’écoles secondaires. L’approche éducative basée sur les droits a entre autres permis de modifier le rapport entretenu avec les élèves, de tenir compte de leurs opinions et d’assurer leur pleine participation à la vie collective.

Le « sage du village »

Frédéric offre aussi des formations auprès d’organisations de la société civile pour renforcer leurs capacités en matière d’éducation aux droits humains, particulièrement les organisations féministes et axées sur les jeunes. Grâce aux outils de l’éducation aux droits humains, ces organisations peuvent alors vulgariser et rendre plus accessibles leurs formations, augmenter la portée de leur message et davantage participer aux débats publics.

Pour Frédéric, le défi demeure toutefois celui de pouvoir évaluer les résultats concrets de ses formations à long terme, soit de mesurer le changement social. Depuis son passage chez Equitas à Montréal, il accorde beaucoup plus d’importance à l’évaluation de l’éducation aux droits humains pour s’assurer que ses apprentissages et ses actions ont un réel effet autonomisant. « Ce qui manquait, c’était l’évaluation. Ce que nous avons appris d’Equitas et qui est extrêmement important, c’est que l’éducation aux droits humains doit viser le changement – tant au niveau individuel qu’aux niveaux de la communauté et de la société. Le changement passe par l’action. Donc concrètement, il faut qu’on puisse voir les résultats sur place. »

À travers ses nombreuses interventions, Frédéric Diouf a toujours pris une approche posée et basée sur le questionnement. Cette attitude qui a valu le surnom de « sage du village », rôle qui se confirme lorsqu’il raconte quelques anecdotes de ses formations.

Il raconte, par exemple, son expérience lors d’une formation sur l’égalité entre les hommes et les femmes donnée dans un village, où il a immédiatement été confronté par le chef du village, qui considérait qu’il s’agissait d’un concept occidental ne correspondant pas à la réalité sénégalaise. L’approche basée sur les droits utilisée par Frédéric lui a permis d’entamer un dialogue dans le respect avec le chef du village sur le concept d’égalité, l’accès à l’éducation et à la propriété.

Frédéric donne aussi l’exemple d’une femme ayant un handicap physique qui, avant de suivre une formation sur les droits humains, avait honte et essayait de dissimuler son handicap. Aujourd’hui, elle a pris conscience qu’elle a autant de valeur que les autres et a retrouvé sa fierté et sa dignité ‒ un changement majeur considérant que les attitudes discriminatoires sont très présentes au Sénégal envers les personnes vivant avec un handicap.

Consolider un réseau national

Aujourd’hui, Frédéric préside le Réseau Equitas – Sénégal pour l’éducation aux droits humains (RESEDHU), bien connu de la société civile. Pour reprendre ses termes, « tout le monde connaît Equitas au Sénégal ! » Grâce au Réseau, les organisations sénégalaises communiquent et partagent davantage leurs expériences et leurs bonnes pratiques, selon les champs d’expertise de chaque organisation, ce qui permet un apprentissage mutuel et, au final, une promotion plus concertée et efficace de l’éducation aux droits humains.

Mais l’influence de Frédéric ne s’arrête pas là : le réseau a eu un effet multiplicateur dans la région et a mené à la création de réseaux similaires dans les pays voisins, notamment au Burkina Faso et au Cameroun. Il en résulte une plus grande coopération régionale, ayant pris la forme de Collectif africain d’éducatrices et d’éducateurs aux droits humains (CAEDH) en 2014, que Frédéric préside également.

La simple participation de Frédéric Diouf au PIFDH en 2006 a contribué à la naissance du réseau d’éducatrices et d’éducateurs sénégalais aux droits humains, puis du réseau régional d’éducation aux droits humains en Afrique francophone. Réseauter, mettre en commun, s’inspirer de la diversité et de l’expérience des autres : voilà les principales forces de l’éducation aux droits humains. Et la mission de Frédéric Diouf d’aider ses concitoyens à mettre un terme aux injustices grâce à l’éducation a su transcender les frontières.

 


Frédéric Diouf – Sénégal
Président du Réseau Equitas – Sénégal pour l’éducation aux droits humains (RESEDHU)
Participant (2006) et co-animateur (2009) au Programme international de formation aux droits humains d’Equitas
Président du Collectif africain d’éducatrices et d’éducateurs en droits humains (CAEDH)
Membre et chargé de l’éducation, de la formation et de la recherche au Secrétariat général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO)


Histoire rédigée par Alex Chartrand, rédacteur stagiaire, Equitas.

 

Le Programme international de formation aux droits humains d’Equitas est en partie réalisé grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.

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