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L’égalité pour toutes: comment Julienne Dembele Sanon lutte pour les droits des femmes au Burkina Faso

En 2005, un petit groupe de femmes de quartier burkinabées décident de créer une association visant à lutter pour les droits des femmes dans leur pays. Parmi elles, Julienne Dembele Sanon est la seule qui sait lire et écrire. Petit à petit, en cotisant des fonds chaque mois et en préparant des documents et des projets, elles bâtissent ensemble l’Association Femme et Vie.

Dès la naissance de l’association, les responsabilités sont déjà lourdes: travaillant autant dans le domaine médical que judiciaire, la lutte pour l’égalité de genre est difficile et les mentalités patriarcales sont bien ancrées dans les traditions burkinabées. 

«Nous avons vraiment des cas flagrants de violations de droits humains telles l’excision, la spoliation – quand une femme perd son mari, sa famille peut la rejeter et retirer tous ses biens. Il y a des femmes qui sont battues, des femmes dont le mari refuse qu’elles fassent du commerce. Pourtant, pour la femme, financièrement, si elle n’est pas indépendante, ça joue sur ses enfants et la scolarité de ses enfants. Alors on a vu qu’il y a avait beaucoup de problèmes au niveau des femmes, on s’est dit que si on se mettait en groupe, on allait pouvoir lutter ensemble».

Actifs dans la lutte contre le VIH, le paludisme, la tuberculose et la malnutrition, certains de leurs projets portent également sur la santé sexuelle et reproductive et la planification familiale pour les femmes de tous âges, qu’elles soient mariées ou non. À travers des projets de sensibilisation, l’Association tend à éliminer la violence basée sur le genre, mais aussi à pousser pour plus d’autonomisation économique et d’assistance judiciaire pour les femmes.

Il va sans dire que l’Association s’implique dans une multitude d’enjeux différents au sein du pays. Selon Julienne, une des meilleures façons d’accomplir les droits des femmes et des filles est de leur donner accès à l’éducation et à l’information. Par exemple, sans information sur leurs droits ou sur les services à leur disposition, les femmes burkinabées ne bénéficient pas d’assistance judiciaire, de soins de santé pendant et après leur grossesse, ou de méthodes contraceptives, ce qui peut parfois mener leurs études à terme si elles tombent enceintes. Puisque la sexualité est un sujet tabou dans la société burkinabè, il devient également important de renseigner les filles à un jeune âge à propos des risques d’infections transmissibles sexuellement. Il en va de même pour d’autres maladies et problèmes de santé, pour lesquels les mesures de prévention, de dépistage et de traitement sont peu connues. 

C’est pourquoi chacune des initiatives de son association met un accent particulier sur l’éducation aux droits humains, un accent qu’appuie également Equitas dans ses projets à l’étranger – dont celui au Burkina Faso, Promouvoir l’égalité à travers l’éducation aux droits humains. Ayant pour but principal de contribuer à l’autonomisation des femmes et des filles en leur apportant les connaissances, les compétences et les outils dont elles ont besoin pour promouvoir l’égalité de genre dans leurs communautés, cette initiative comporte plusieurs volets parmi lesquels s’inscrit le Programme international de formation en droits humains (PIFDH), auquel Julienne a participé cette année. Les autres volets visent à promouvoir le leadership des femmes, le renforcement de capacité d’organisations de la société civile et la création d’espaces de dialogue auprès des décideurs. En renforçant leurs capacités, ces projets contribuent à donner une voix aux membres des communautés locales et à favoriser la jouissance de leurs droits dans une dynamique d’égalité.

Étant une des membres fondatrices de son association, participer à une expérience comme celle du PIFDH lui a permis de consolider et d’ajouter aux connaissances qu’elle avait déjà acquises lors de ses études, ainsi qu’au fil de sa carrière. 

«Avec cette formation, je suis réellement outillée pour mon travail en éducation aux droits humains sur le terrain. J’ai beaucoup appris, j’ai travaillé les notions que j’avais en droit, et surtout les courants, les modules sur lesquels nous travaillons, ils nous aident vraiment pour notre travail. Par exemple, la CEDEF, [à l’Association Femme et Vie,] on l’a traduite en langue locale pour permettre aux femmes de comprendre le contenu, et je comprends maintenant mieux ses fondements. Ce qu’on a appris ici, ça va nous servir toute notre vie».

Pour Julienne, l’importance accordée à l’égalité et à la valeur de chaque personne est une partie marquante de l’expérience du PIFDH. En incitant la pensée critique et les changements de comportement personnels, les participantes et participants deviennent de meilleurs agentes et agents des droits humains et sont plus aptes à amener des changements dans leurs communautés. Elle souligne également l’importance de passer l’information qu’elle a reçue à d’autres femmes des communautés avec lesquelles elle travaille. Selon elle, «rallier l’information, c’est un devoir, une obligation morale».

Malgré que le travail est loin d’être terminé, Julienne est optimiste quant aux développements positifs qu’a amenés l’Association Femme et Vie à travers l’éducation aux droits humains.

«Depuis qu’on travaille dans ce domaine, les femmes ont de plus en plus le courage de dénoncer et d’aller vers la justice. Elles ont le courage même de prendre la parole en public, de s’exprimer, d’occuper certains postes de responsabilité, ce qui n’était pas le cas avant. Il y a même des leaders qui décident de renoncer à l’excision. Et aujourd’hui, le taux de scolarisation des filles commence à augmenter peu à peu, parce que les gens ont compris qu’envoyer une fille à l’école c’est bien, moi-même je suis un cas concret. Donc, tout ça, ce sont des changements positifs qui nous encouragent à continuer la lutte.»

Par Elyette Levy, stagiaire en communications à Equitas