Tout au long du panel, chaque intervenant-e s’est appuyé-e sur ses expériences personnelles et ses identités diverses pour exprimer comment l’éducation aux droits humains a le pouvoir de construire des sociétés inclusives. L’événement a débuté par des mots de bienvenue de la part de la directrice générale d’Equitas, Odette McCarthy. Ensuite, Peter Flegel, directeur général du Secrétariat fédéral de lutte contre le racisme du gouvernement du Canada, a partagé son parcours en matière de droits humains. Il a décrit ses premières expériences : enfant, il a été victime d’intimidation fondée sur la race et l’identité sexuelle, sa mère l’a emmené à des manifestations antinucléaires et il a été inspiré par la lecture de l’histoire révolutionnaire de son pays natal, Haïti. Ces expériences lui ont fait comprendre l’importance de l’éducation aux droits humains dans la lutte contre la haine et la discrimination, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des institutions officielles, ce qui a inspiré son soutien aux EquiTalks.
Marie-Claude Landry a prononcé un discours d’ouverture dans lequel elle a évoqué les leçons apprises au cours d’une carrière définie par l’engagement communautaire, a parlé des nombreux défis en matière de droits humains dans le contexte mondial et canadien, et du rôle de l’éducation aux droits humains pour relever ces défis. Elle a réfléchi aux cinq dernières années et à tout ce qui a changé dans le monde – de la pandémie au mouvement #MeToo, en passant par Black Lives Matter. Bien qu’il s’agisse d’une période historique pour l’action en faveur des droits humains et les mouvements sociaux, elle a vivement encouragé les gens à poursuivre le travail pour maintenir l’élan, car les droits peuvent être remis en question à tout moment.
L‘éducation aux droits humains dans le contexte canadien ne peut pas çetre discuté sans aborder les droits des personnes Autochtones et les séquelles des politiques d’assimilation qui continuent d’entraver ces droits dans le pays. Comme l’a souligné Hillory Tenute dans sa contribution, la réconciliation doit être poursuivie en permanence et l’éducation aux droits humains joue un rôle important dans ce sens. En effet, l’éducation aux droits humains permet aux gens de voir l’humanité des autres et de se sentir solidaires d’autres groupes, tels que les communautés LGBTQ2I et asiatiques canadiennes, qui luttent pour leurs droits. Marie-Claude et Hillory ont toutes deux insisté sur une phrase prononcée par le chef Littlechild lors de la Commission de vérité et de réconciliation, à savoir que l’éducation [en référence au système des pensionnats] nous a mis dans cette situation et que c’est l’éducation qui nous en sortira. Comme l’a souligné Marie-Claude, l’intolérance, le racisme et la bigoterie s’apprennent et l’éducation aux droits humains peut nous aider à les désapprendre. Hillory a souligné que les jeunes autochtones sont une force motrice des mouvements sociaux au Canada et a indiqué que l’accessibilité de la langue est une pratique qui renforce la participation des communautés marginalisées, y compris les jeunes autochtones, aux activités d’éducation aux droits humains.
« Chaque fois que je suis au plus bas, je sais que ma mère me rappelle toujours, souviens-toi ma fille, tu es les prières de tes ancêtres. Et je sens que c’est la même chose pour la prochaine génération, que maintenant ces jeunes sont l’avenir et que les graines qu’ils plantent et tout ce travail, c’est l’avenir des sept prochaines générations. »
– Hillory Tenute
Rio Hada a également évoqué sa collaboration avec une jeune militante autochtone, Autumn Peltier, qui l’a inspiré par son combat pour le droit à l’eau au Canada. Rio a exprimé que l’éducation aux droits humains peut prendre diverses formes tout en permettant aux individus et aux communautés de prendre conscience de leurs droits et de savoir qui est responsable et peut être tenu pour responsable de ses actions ou de ses inactions. Il a également souligné que les droits humains ne devraient laisser personne de côté, un message au premier plan de la campagne mondiale des Nations unies pour les droits à l’eau et à l’assainissement qu’il a coordonnée pour la Journée mondiale de l’eau 2019. Alors qu’il est nécessaire de mettre l’accent sur la participation des jeunes à l’éducation aux droits humains, M. Rio a souligné que les personnes âgées sont souvent négligées par les attitudes âgistes et ont souffert de manière disproportionnée pendant la pandémie. Un des thèmes de la discussion était que l’éducation aux droits humains ne devrait pas ignorer les histoires et les leçons partagées par les générations plus âgées.
Une phrase qui est revenue dans la discussion est que l’empathie engendre l’action. L’éducation aux droits humains exige d’avoir le courage de parler et d’agir, d’apprendre à se connaître, de s’humaniser, de laisser tomber les préjugés et d’être vulnérable. Les personnes qui ont contribué à la discussion lors des EquiTalks l’ont magnifiquement démontré.