Pour le D r Anantharamakrishnan Senthivel et Maria Soosai, l’éducation aux droits humains est un outil déterminant pour le changement social en Inde. À la suite de leur participation au Programme international de formation aux droits humains (PIFDH) , respectivement en 2014 et 2007, ces deux éducateurs en droits humains ont mis en pratique leurs connaissances et expériences acquises pour poursuivre et améliorer leur travail en matière de droits humains. Cette année, ces anciens participants au PIFDH ont animé le programme de l’Institut d’éducation aux droits humains de People’s Watch en Inde.
People’s Watch est une ONG basée dans l’État du Tamil Nadu en Inde du Sud. Ses principales activités sont axées sur la surveillance des violations des droits humains et la promotion de l’éducation aux droits humains. Son programme d’éducation aux droits humains s’est considérablement développé au cours des dernières décennies – introduit au départ en tant que programme pilote dans sept écoles de la ville de Chennai, ce programme est actuellement reconnu dans plus d’un millier d’écoles dans l’État du Tamil Nadu. Le but est qu’un jour l’éducation aux droits humains soit introduite dans toutes les écoles du pays. Il y a eu de belles victoires à ce propos – notamment, grâce aux actions de plaidoyer de People’s Watch , on enseigne aux enfants les concepts de justice sociale et d’égalité dans plusieurs écoles primaires – toutefois, l’organisation fait toujours face à une forte résistance de la part des représentant-e-s gouvernementaux et locaux qui ne voient pas l’intérêt d’intégrer l’éducation aux droits humains dans les programmes scolaires.
Les liens entre Equitas et People’s Watch
Henri Tiphagne, le Directeur exécutif de People’s Watch, a été une ressource importante pour le PIFDH d’Equitas et a envoyé de nombreux membres de People’s Watch au programme.
Il existe un lien étroit entre People’s Watch et Equitas. Depuis des années, le directeur général de People’s Watch , Henri Tiphagne, envoie des membres de l’organisation au PIFDH d’Equitas, et six d’entre eux ont déjà fait partie de l’équipe d’animation du programme de l’Institut où ils ont joué un rôle fondamental relativement à la formation et à la livraison du contenu. Cette année, à la clôture du programme, Henri Tiphagne a déclaré qu’Equitas était à l’avant-garde de la méthodologie et de l’évaluation en matière d’éducation aux droits humains, et il a louangé l’influence du PIFDH sur le programme de l’Institut.
Anantharamakrishnan et Maria soulignent l’importance du PIFDH dans leur parcours en tant que défenseurs de l’éducation aux droits humains – pour Maria, ce programme de 3 semaines est l’expérience la plus marquante en ce qui concerne sa propre éducation aux droits humains! Ces deux anciens participants ont expliqué comment les valeurs et compétences transférables acquises durant le PIFDH ont depuis influencé leur travail dans le domaine des droits humains, et comment ils utilisent ce qu’ils ont appris à Montréal pour amorcer des conversations sur l’égalité et la justice avec des collègues et des pairs de leur pays.
Adapter l’éducation aux droits humains aux contextes locaux
Avec des participant-e-s issus des quatre coins du globe, ayant différents points de vue et provenant de différents milieux, le PIFDH offre une perspective globale sur les compétences et connaissances en matière de droits humains. À leur retour au pays, Anantharamakrishnan et Maria ont adapté ces compétences et connaissances à leur contexte local. Ils soutiennent qu’au moment d’intégrer une approche de droits humains dans un programme scolaire, il est essentiel de tenir compte des cultures et contextes locaux. Tout programme axé sur l’éducation aux droits humains devrait s’aligner sur les pratiques et cultures locales afin de maximiser l’impact. Par exemple, le système des castes en Inde – une hiérarchie sociale stricte qui encourage la discrimination envers les membres de castes « inférieures » – est l’un des enjeux de droits humains qui perdurent le plus dans le pays. Selon Anantharamakrishnan et Maria, l’éducation aux droits humains doit certes aider à affronter des enjeux globaux, mais elle doit également permettre d’aborder des enjeux plus spécifiques à l’Inde, tels que la discrimination perpétuée par ce système de stratification sociale.
Dr Anantharamakrishnan Senthivel (en haut à droite) au PIFDH d’Equitas en 2014.
Créer des réseaux et s’engager auprès des décideuses et décideurs
Alors que People’s Watch continue de faire pression sur le gouvernement en vue d’intégrer l’éducation aux droits humains dans les programmes scolaires indiens, ces deux anciens participants au PIFDH ont mis en place un réseau de militant-e-s des droits humains issus du gouvernement, de parties politiques et de groupes de la société civile. Ce réseau, dont les membres partagent les mêmes idées et travaillent dans différents domaines, est l’une des plus importantes réussites de l’Institut. Anantharamakrishnan et Maria reconnaissent l’importance du rôle du PIFDH d’ Equitas dans la création de ce réseau. Leur aptitude à intervenir auprès des décideuses et décideurs s’est nettement améliorée grâce aux connaissances acquises et au renforcement de leurs capacités pendant le PIFDH. La formation et les compétences transférables développées au cours du PIFDH à Montréal font en sorte qu’à leur retour au pays, les défenseuses et défenseurs des droits humains sont en mesure de faire pression auprès des décideuses et décideurs, et des personnes en position de pouvoir afin de promouvoir un plus grand respect des droits humains et de l’éducation aux droits humains.
L’importance de l’éducation aux droits humains aujourd’hui
Compte tenu de la situation actuelle en Inde, l’éducation aux droits humains est plus que jamais indispensable. Le climat politique, surtout en ce qui a trait à la rhétorique antimusulmane du premier ministre Modi, et la crise de santé publique croissante en raison de la pandémie de COVID-19, ont créé un environnement où les violations de droits humains sont monnaie courante. Selon Anantharamakrishnan, cette crise transformera l’éducation aux droits humains – cette dernière sera non seulement plus qu’une nécessité mais elle englobera des questions comme l’environnement, la santé publique et le recours aux pouvoirs d’urgence en vertu de la Loi nationale sur la gestion des catastrophes. Les droits humains doivent jouer un rôle prépondérant dans la lutte contre la pandémie. Alors que les répercussions de la COVID sur les groupes vulnérables et l’exacerbation des inégalités existantes sont de plus en plus évidentes, il en va de même de l’importance d’intégrer une approche basée sur les droits humains dans toutes nos actions.
Cette année, lors de la clôture du programme de l’Institut, Ian Hamilton, directeur général d’Equitas de 2004 à 2020, a félicité People’s Watch et Equitas pour la mise en œuvre de ce programme. Il a également félicité l’organisation d’avoir créé un programme qui
« offre de meilleurs outils [aux défenseuses et défenseurs des droits humains] pour défendre les droits humains et les groupes victimes de discrimination, de marginalisation et de violence. »
Alors que le programme de l’Institut et le PIFDH d’Equitas continuent de former des défenseuses et défenseurs des droits humains et de promouvoir l’éducation aux droits humains, les deux organisations travaillent fermement vers les mêmes objectifs, c’est-à-dire promouvoir le respect des droits humains et protéger les groupes vulnérables à l’échelon mondial.