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Rédiger la Déclaration universelle des droits de l’homme

JOHN PETERS HUMPHREY  ̶  Canada
Cofondateur d’Equitas

 

Cette histoire fait partie de la série Nous sommes le changement en droits humains pour célébrer le 50e anniversaire d’Equitas (#Equitas50). Tout au long de l’année 2017, découvrez les histoires de 50 défenseur-e-s des droits humains. Ce ne sont là que quelques leaders parmi des centaines qui, avec l’appui d’Equitas, changent des vies à travers le monde par l’éducation aux droits humains.

Dans le jardin du palais de justice de Hampton, au Nouveau-Brunswick, se trouve un monument de l’humanitaire John Peters Humphrey, l’un des fondateurs d’Equitas. La maison d’enfance d’Humphrey se trouve à quelques centaines de mètres de ce monument qui se compose d’un banc de bois incurvé sur lequel s’asseyent des sculptures de taille humaine de Humphrey, à la fois comme enfant et adulte. Sur une extrémité du banc se trouvent des colombes en laiton pour symboliser la paix. À proximité, il y a une pierre sur laquelle sont inscrits des passages de la Déclaration universelle des droits de l’homme, un document rédigé à l’origine par cet homme remarquable pendant son mandat aux Nations Unies.

Le « jeune » Humphrey à pieds nus assis sur ce banc rappelle aux visiteurs que Humphrey attribue ses valeurs à certaines difficultés vécues en tant qu’enfant. Ses parents sont morts de cancer quand il était encore jeune, et Humphrey lui-même a perdu son bras gauche à l’âge de six ans dans un accident en jouant avec le feu. Envoyé à un pensionnat, il a subi des railleries cruelles d’autres étudiants.

Et c’est à l’internat qu’il a observé des abus d’autorité et qu’est né son rêve « de rendre le monde meilleur. » Humphrey a transformé les événements tragiques de son enfance en une vie de compassion et de militantisme au nom des autres.

Humphrey est diplômé de l’Université McGill en 1925 et a obtenu un baccalauréat en commerce. Il a ensuite obtenu un baccalauréat des arts et un baccalauréat en droit de McGill. Recevant une bourse pour étudier à Paris, il entreprend son voyage en France, rencontrant Jeanne Godreau en route. Ils se sont mariés peu de temps après.

Humphrey a poursuivi ses études en obtenant un diplôme de maîtrise en droit à McGill, spécialisé en droit international. En 1943, Humphrey s’installe en Algérie et enseigne à l’Université d’Alger. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, les Nations Unies ont été créées en 1945 avec de nombreux objectifs, dont la promotion de la paix internationale et des droits humains. Grâce à son expérience en droit international et une maîtrise de la langue française, Humphrey fut bientôt nommé aux Nations Unies par un ami, le Secrétaire général adjoint Henri Laugier. Cette organisation intergouvernementale était idéale pour Humphrey. Comme l’a noté l’historienne Mary Ann Glendon :

« Bien qu’il n’ait pas pu [à cause de son handicap] aller au front durant la guerre, il pouvait peut-être aider à façonner la paix ».

Entre temps, Franklin Delano Roosevelt est décédé, et le président Truman a nommé Eleanor Roosevelt pour faire partie de la délégation des États-Unis à l’ONU. À ce titre, elle a été élue présidente de la Commission des droits de la personne. Le premier projet de cette Commission était de charger la Division des droits de la personne du Secrétariat de l’ONU d’écrire un projet de loi sur les droits humains qui pourrait s’appliquer à tous les pays du monde. En 1946, Humphrey est devenu le premier directeur de cette division. Dans ce rôle, il a préparé la première ébauche de la Déclaration universelle des droits de l’homme. C’était une tâche monumentale et redoutable, mais Humphrey l’assumait avec enthousiasme. Selon l’historien Glendon, « John Humphrey avait demandé à son personnel des Nations Unies d’étudier toutes les constitutions et les instruments de droits existants dans le monde, ainsi que les suggestions qui avaient été faites au Secrétariat par des membres de la Commission, des organisations extérieures et même de diverses personnes intéressées ».

Avec son assistant Emile Giroud, Humphrey a rapidement synthétisé cette montagne de concepts en une liste de 48 droits, formant ainsi la première ébauche de la Déclaration.

Celle-ci constituait un document essentiel et opportun pour les débats, souvent controversés, qui s’ensuivent.

Le projet de Humphrey fut ensuite révisé par René Cassin, un autre membre du comité de rédaction. La contribution de Cassin avait pour but en grande partie d’ajouter un préambule, de clarifier la terminologie et de structurer le document. La contribution de Cassin à la Déclaration a été significative, ce qui lui a valu le Prix Nobel de la Paix en 1968. Cependant, les historiens considèrent Humphrey comme la personne qui a rédigé la première ébauche sur laquelle la déclaration finale était fondée. L’Assemblée générale a adopté cette Déclaration en 1948 et Eleanor Roosevelt l’a surnommée « la Magna Carta internationale de toute l’humanité ».

Pendant deux décennies, Humphrey a travaillé auprès des Nations Unies sur divers enjeux, particulièrement la liberté de la presse, le statut des femmes et la discrimination raciale. En 1988, le Prix des Nations Unies pour les droits humains a été décerné à Humphrey à l’occasion du 40e anniversaire de la Déclaration.

Photo: John P. Humphrey (à gauche); la militante pour les droits des femmes, Thérèse Casgrain (au centre); et « l’ambassadeur des personnes handicapées », le docteur Gustave Gingras (à droite)

Humphrey s’est retiré de l’ONU en 1966, mais il a continué à défendre les droits humains dans le monde entier.

Avec des collègues de Montréal, tels que Thérèse Casgrain et Gustave Gingras, il a contribué à la création de la Fondation canadienne des droits de la personne, plus tard renommée Equitas – Centre international d’éducation aux droits humains.

Il a participé à de nombreuses enquêtes, y compris enquêter sur les violations des droits humains commises par Ferdinand Marcos aux Philippines, les abus commis pendant la famine de 1932-1933 en Ukraine et d’autres questions relatives aux droits humains dans le monde.

En 1974, Humphrey a été nommé officier de l’Ordre du Canada « afin de reconnaître sa contribution à la science juridique et sa réputation mondiale dans le domaine des droits humains ». En 1985, il a été nommé officier de l’Ordre national du Québec.

En 1998, Nelson Mandela a dévoilé une plaque commémorative en l’honneur de Humphrey au Monument canadien pour les droits de la personne à Ottawa. Mandela a souligné le travail de Humphrey, qu’il qualifie de « père du système moderne des droits humains ».

Au cours de sa vie, Humphrey a grandement cheminé depuis ce petit garçon qu’il était représenté à pieds nus sur ce banc. S’appuyant sur ses valeurs forgées par les difficultés de l’enfance, il a consacré sa vie au travail des droits humains. Son héritage est exprimé chaque jour dans les initiatives, les mouvements, les engagements, les constitutions et les programmes éducatifs des droits humains dans le monde entier.

 


JOHN PETERS HUMPHREY  ̶  Canada
Co-rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme
Cofondateur de la Fondation canadienne des droits de la personne (Equitas)


Histoire rédigée par Joan Tornow, Ph.D. www.writingmemoir.com
Membre de l’Association of Personal Historians.

 

Sources :
The Universal Declaration of Human Rights: Origins, Drafting, & Intent, par Johannes Morsink, University of Pennsylvania Press, 1999.
A World Made New: Eleanor Roosevelt and the Universal Declaration of Human Rights, par Mary Ann Glendon, Random House, 2001.

 

 

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