« Ma passion est de défendre les droits des personnes vivant avec un handicap. » Ce sont les mots de Miyoba Hamuhuma, défenseur des droits humains et Directeur général d’Enlight Abilities, une organisation de Zambie qui s’engage pour l’autonomisation des personnes handicapées. Il a décidé de participer à Connectons pour les droits, une formation participative en ligne offerte par Equitas, afin d’accroître ses connaissances en matière de droits humains.
À onze ans, Miyoba a été diagnostiqué avec la polio, ce qui l’a paralysé à partir de la taille jusqu’aux pieds. Pour se rendre en classe avec son fauteuil roulant, il avait besoin de l’aide de ses ami-e-s. « Ma classe était au troisième étage, et il n’y avait pas d’ascenseur. Il fallait me soulever manuellement du lundi au vendredi, pendant trois ans! » Cela ne l’a toutefois pas empêché de poursuivre ses études et d’élargir ses connaissances – le parcours universitaire de Miyoba comprend aujourd’hui l’informatique, le travail social, le commerce, la réadaptation et l’administration des handicaps.
Néanmoins, ces trois années passées à compter sur ses amis pour aller en classe lui ont fait prendre conscience d’une chose : les écoles de sa communauté n’étaient pas accessibles aux personnes souffrant d’un handicap physique. C’est pourtant lorsqu’il a commencé à travailler à la Cheshire Homes Society of Zambia, une organisation qui favorise l’indépendance des personnes handicapées, et qu’il a vu la réalité des familles ayant des enfants handicapés, que son désir de lutter pour le respect de leurs droits humains a germé.
« La passion m’est venue après avoir vu comment les mariages se brisaient après la naissance d’un enfant vivant avec un handicap et comment les mères se battaient, parfois jusqu’à mettre fin à ses jours*. Car en Zambie, avoir un enfant handicapé est mal perçu. » Ces terribles conséquences ont suscité son engagement en faveur de la défense des personnes handicapées, lorsqu’il s’est rendu compte que les personnes vivant avec un handicap peuvent être déconnectées de la société et ne pas bénéficier des mêmes opportunités.
Aujourd’hui, par le biais d’Enlight Abilities, Miyoba soutient les enfants vivant avec un handicap, physique, intellectuel ou neurologique, ainsi que leurs familles, en leur fournissant des dispositifs tels que des fauteuils roulants, des rampes, des toilettes accessibles, ainsi que des services sociaux pour leur permettre d’accéder à l’école et en proposant des formations à leurs proches et aux enseignants sur l’inclusion et la défense des droits. « Notre but est de briser les barrières, et notre objectif spécifique est de soutenir les enfants handicapés pour qu’ils puissent aller à l’école. » Enlight Abilities aide également les parents à comprendre les droits de leurs enfants et fait pression pour la création de lois et de politiques qui garantissent l’accessibilité des écoles pour tou-te-s.
L’organisation se penche également sur l’aspect de l’assainissement de l’eau, une autre question qui touche particulièrement les personnes handicapées de manière souvent méconnue. Dans un certain nombre de communautés zambiennes, l’accès à l’eau potable se fait au moyen de pompes à eau manuelles, notamment dans les zones rurales. Ces pompes sont souvent hors de portée des personnes handicapées, soit parce que leur utilisation n’est pas accessible, soit parce qu’elles sont situées loin des habitations. Miyoba explique que cela les conduit parfois à aller chercher l’eau dans des barrages ou des ruisseaux, ce qui comporte un risque élevé de contamination et de transmission de maladies. Elles ne sont souvent pas conscientes des conséquences, faute d’accès à l’information.
C’est parce qu’il croit fermement au droit à l’éducation que Miyoba a rejoint Connectons pour les droits, une formation virtuelle destinée aux éducatrices-teurs des droits humains afin de renforcer leurs compétences dans la mise en œuvre d’initiatives visant à favoriser un changement social positif dans leurs communautés. Pour Miyoba, la formation a été un voyage enrichissant qui lui a donné l’occasion de découvrir différentes approches de l’éducation aux droits humains, et a renforcé son discours sur l’importance de l’accessibilité des écoles.
« Je suis très attaché à l’éducation, mais elle n’est malheureusement pas égale. Je suis en mesure de participer à ce programme parce que j’ai pu aller à l’école. Pour moi, l’éducation est la clé pour faire avancer les droits humains. »
Miyoba pense que Connectons pour les droits l’a rendu plus conscient de l’éducation aux droits humains et de l’approche fondée sur les droits humains. Selon lui, ce sont des outils essentiels pour l’autonomisation des enfants handicapés, tant pour leur indépendance que pour leur santé et leur sécurité :
« Les personnes handicapées représentent des communautés marginalisées qui sont touchées par les problèmes de droits humains plus que tout autre groupe en Zambie. Si vous regardez la situation locale actuelle, le niveau d’éducation des personnes handicapées est encore très bas. Beaucoup d’entre elles ne connaissent pas leurs propres droits, si bien que lorsqu’elles sont victimes d’abus, elles ne s’en rendent pas toujours compte. »
Par conséquent, Miyoba pense qu’il y a encore beaucoup à faire pour permettre aux personnes handicapées d’être indépendantes et de comprendre leurs droits.
Miyoba prévoit de continuer à défendre les droits des personnes handicapées afin qu’elles puissent atteindre leur plein potentiel.